Front National, une question difficile...
Afin d’éviter toute interprétation malveillante, je précise, en préambule, que je ne partage ni les valeurs, ni les idées, ni les objectifs du Front National et que je ne soutiens pas les mesures qu’il propose. J’ajoute que, tout en regrettant l’alliance ancienne et toujours répétée entre le FN et le PS, je ne souhaite pour ma part, aucun accord entre le Front National et les partis de l’ancienne majorité.
1- Un rappel historique,
François Mitterrand, grand humaniste devant l’éternel, avait tout à fait compris au début des années 1970, que le parti socialiste n’arriverait pas au pouvoir sans une alliance avec les communistes. Cela pouvait révulser certains « humanistes » centristes, mais sachant compter, il avait vite vu l'intérêt de récupérer les 22% du Parti communiste, quitte à perdre les 8 à 10% de voix des centristes (au demeurant ni constantes, ni fiables). Et non seulement il s’allia avec le Parti communiste, mais, pour pouvoir être élu, il signa avec lui un accord de gouvernement, et introduisit dans son programme, tout en en connaissant la nocivité, des mesures exigées par le PC (nationalisations à 100%, par exemple)…
Il faut savoir que dans les années 70, le Parti communiste c’était bien autre chose que le petit parti inoffensif et toujours prêt aux compromis, que l’on connaît aujourd’hui.
D’autant plus dangereux et menaçant qu’il était à l’époque le premier parti de gauche, plus important que le parti socialiste en nombre de militants et surtout sur le plan électoral, le Parti communiste, rappelons-le, estimait positif le bilan de l’URSS, refusait de condamner les procès de Moscou et le Goulag, soutenait l’URSS dans la guerre froide, approuvait l’écrasement dans le sang du « Printemps de Prague ». Comme avait pu le dire un leader socialiste, peu auparavant, « le PC n’est pas à gauche, il est à l’Est ». Sur un plan intérieur, financé en grande partie illégalement par l’Union soviétique, il n’acceptait que du bout des lèvres la démocratie, pratiquait « la lutte des classes » et n’avait abandonné que formellement la dictature du prolétariat. Dans les communes qu’il contrôlait, il utilisait à grande échelle le trucage des élections quand il ne « chassait » pas les immigrés en détruisant leurs constructions à coup de bulldozer.
Malgré la condamnation morale qui est la nôtre pour les « idées » du Front National, on peut penser que ce parti extrémiste, est, tout compte fait, aujourd’hui plutôt moins dangereux pour la démocratie, que ne l’était à l’époque le Parti communiste, avec lequel s’alliait, sans remords, François Mitterrand !
2- Deux constatations
Aujourd’hui, tous les partis acceptent l’idée d’introduire une dose de proportionnelle dans notre mode électoral, pour les législatives. La plupart auraient même souhaité que cela soit le cas dès 2012…En toute hypothèse, ce le sera en 2017. Donc tous les partis, y compris le PS, acceptent l’idée d’avoir de 10 à 30 députés du Front National, à l’Assemblée. Ils trouvent même cela souhaitable. Je partage ce point de vue.
Les partis de l’ancienne majorité, UMP et centristes, ont constamment dit, avec juste raison selon moi, pendant la campagne présidentielle, que le programme du socialiste Hollande était dangereux, nocif ou même, comme François Fillon, « désastreux » pour la France et les Français. Ils le pensent et le disent encore aujourd’hui.
3- Une question difficile
Si l’on admet, malgré une opposition politique et une ferme condamnation morale, que la présence de députés du FN à l’Assemblée est acceptable et normale, et si l’on souhaite, comme tout électeur conséquent de l’ex-majorité, éviter le pire pour la France, à savoir l’application par Hollande de son programme dangereux et nocif, quelle est l’attitude à adopter en cas de duel entre un candidat PS et un candidat FN ?...
Sachant que la majorité peut se jouer à 10 ou 20 sièges, est-il plus grave et plus condamnable pour un électeur de la majorité, de favoriser l’élection de quelques députés FN (dont tout le monde trouve normale la présence à l’Assemblée), isolés et sans pouvoir, ou de députés socialistes qui peuvent faire basculer la majorité dans le camp de Hollande et permettre à ce dernier d’appliquer un programme jugé nocif et désastreux pour la France ?
Je pose la question. Elle peut être jugée difficile. Je me garderai d’y répondre, n’étant pas personnellement concerné, puisque, par chance, dans le 12ème à Paris, une sortante socialiste est opposée à l’UMP Charles Beigbeder, pour lequel je voterai, sans aucune hésitation.
Marc d’Héré