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Cercle des Libertés Egales
30 novembre 2012

Le social-libéralisme, unephilosophie pour l'action politique

On évoque souvent dans le débat politique le social-libéralisme, on loue ou on accuse souvent tel ou tel qu’il soit de droite ou de gauche, de social-libéral…sans que l’on sache très bien de quoi il s’agit, ce que signifie cet oxymore installé au centre de la politique en France. Social-libéral moi-même, j’en propose une illustration. 

La liberté, condition de la dignité et de l’épanouissement de la personne humaine est le principe essentiel et fondateur du social libéralisme.

 Au-delà de la conception minimale qui consiste à garantir la liberté de droits, les sociaux-libéraux défendent une conception plus large et positive de la liberté, assimilée à une capacité à agir. Être libre, c’est pouvoir exprimer son opinion, sans se laisser contraindre par l’autorité ou brider par le conformisme, c’est pouvoir faire et assumer ses choix, avoir la possibilité d’agir, d’abord sur sa propre histoire. La conception sociale-libérale de la liberté, ce n’est pas celle du « laisser faire » c’est celle du « pouvoir faire ». C’est la liberté réelle donnée à chacun d’exercer sa responsabilité.

 Ce n’est pas en insérant l’individu dans des prescriptions, en l’assistant ou en le protégeant exagérément, que l’on favorisera le dynamisme et le progrès, ni même la solidarité, mais bien en développant son autonomie, en lui donnant l’ambition et les moyens d’agir.

 Plutôt que de recourir à l’assistance qui conduit à la dépendance ou à la résignation tout doit être fait pour faciliter les initiatives, pour inciter concrètement les chômeurs à reprendre rapidement un emploi, ou ceux qui ont connu un échec à repartir de l’avant.

 Responsabilité de l’individu mais aussi des groupes et des acteurs de la vie sociale. Même s’il doit être allégé, et rendu moins coûteux, c’est à l’Etat qu’appartient la responsabilité de donner perspective globale et impulsions stratégiques. Moins interventionniste mais plus incitatif, il doit jouer mieux son rôle là où son intervention est légitime, et laisser une liberté d’action aux autres acteurs lorsque son intervention n’est pas indispensable. Les services publics, eux,  seront d’autant plus utiles et efficaces, qu’ils  disposeront d’une autonomie de moyens et de décision, qu’ils agiront dans le cadre d’une concurrence régulée.

 Comme toute liberté, la nécessaire liberté des entreprises ne peut s’envisager sans régulation. Réduisons les obstacles à leur création et les réglementations pénalisantes, mais encourageons-les aussi à jouer pleinement leur rôle d’acteur social conscient des conséquences de leurs décisions. Leur action doit pouvoir se déployer dans le cadre d’une flexisécurité, bénéfique tant pour l’entreprise que pour ses salariés.

 Il faut faire confiance à la société C’est de la liberté de ses composantes – médias, entreprises, syndicats, associations surtout –de leurs initiatives et de leurs capacités d’intervention, que naîtra une démocratie vivante, que se créera une dynamique de progrès et de transformation sociale.

 La liberté, condition de la responsabilité, entraîne la concurrence. La concurrence peut être la pire des choses quand, sauvage, elle permet au plus fort d’imposer sa loi. Mais, régulée, elle peut être la meilleure aussi car nécessaire au dynamisme de nos sociétés, alors que son absence conduit à des sociétés autoritaires et figées. C’est elle qui pousse à se dépasser, c’est elle qui est à la base du progrès, et les sociétés qui ont voulu l’entraver se sont écroulées au milieu de désastres économiques et humains. En s’opposant aux situations acquises, aux rentes comme aux privilèges, la concurrence est la condition de la mobilité sociale et accroît l’égalité.

Au lieu, comme on le souhaite souvent, de renoncer aux bienfaits de la concurrence pour éviter les risques qu’elle induit, nous voulons en permettre l’exercice dans des conditions qui la font aller de pair avec la justice.

L’exigence de liberté et d’autonomie effraie souvent dans la mesure où elle peut accroître   l’insécurité. Certes, sans un minimum de moyens, matériels ou culturels, il est illusoire de parler de liberté. Mais, ce minimum assuré, le besoin de sécurité ne doit pas se traduire par un refus de tout risque qui entraine un refus de l’action. Parce que toute initiative comporte un danger d’échec, certains auront tendance à la sacrifier au profit d’une prudence conduisant à l’immobilisme et au repli sur soi. Alors on encadrera toutes les activités quitte à les étouffer, on regardera avec méfiance les entrepreneurs, on favorisera les emplois publics à vie, on interdira les OGM sans distinction, on refusera tout changement.

 La sécurité doit être moins un bouclier qu’un filet de sécurité qui rattrape en cas de chute, qui garantit en cas d’échec et qui pousse à l’action puisqu’elle peut corriger certaines conséquences néfastes engendrées par la liberté. Nous voulons, en conciliant le désir de liberté et le besoin de sécurité, encourager l’initiative au lieu de la freiner. Auxiliaire de la liberté, la sécurité permet l’exercice complet de la responsabilité, elle en est une des conditions.

 La responsabilité n’est jamais autant fidèle à elle-même que lorsqu’elle s’exprime dans le « faire ensemble » et le « faire pour », c'est-à-dire dans la solidarité.

 Il est vain d’opposer l’exigence de liberté à celle d’égalité.Donner toute sa place à la liberté, interdit, évidemment, d’en refuser l’exercice à d’autres. Vouloir la liberté, c’est la vouloir pour tous, ce qui passe par la recherche de l’égalité ou, mieux, de l’équité.

 De quoi parlons-nous ? Certainement pas de l’égalité radicale des situations. Difficilement réalisable, elle n’est pas davantage souhaitable. L’inégalité est une réalité biologique comme une constante de nos sociétés, et, reconnaissons le, elle est aussi un de ses moteurs.

Cette constatation ne contredit pas notre volonté de voir se réduire les inégalités, car autant une société de « l’égalité parfaite » serait une société immobile et déjà « morte », autant les inégalités excessives déchirent les sociétés et peuvent les faire mourir. Il y a des inégalités inacceptables, il peut y en avoir de légitimes, notamment celles résultant de l’effort, du travail, de la prise de risques ou du talent. Si toute inégalité n’est pas une injustice, la suppression des inégalités injustifiées et la réduction des inégalités excessives constituent des exigences.

Nous refusons la persistance des inégalités entre les hommes et les femmes, celles s’appuyant sur une origine sociale ou ethnique, celles liées à une façon de vivre sa vie privée, celles résultant d’un statut ou d’une situation privilégiée immuable.

 L’équité à laquelle nous aspirons, au-delà de l’égalité de droits, c’est l’égalité des chances c’est à dire la possibilité, quelle que soit son origine, sa situation, son handicap éventuel, de s’insérer dans la vie sociale ou professionnelle, d’accéder aux biens collectifs et de pouvoir en tirer un même profit. C’est l’égalité dans les opportunités offertes à chacun, d’utiliser au mieux sa capacité d’autonomie, ses talents et sa volonté.

 Notre conception de l’égalité nous sépare de l’égalité de principe curieusement baptisée républicaine par certains de ses défenseurs, pensée à travers le prisme de l’uniformité,  qui est en elle-même porteuse d’inégalités.

Est-ce l’égalité que de vouloir la même école ou les mêmes moyens pour tous, alors que l’on sait que les possesseurs d’un patrimoine culturel et vivant dans un environnement privilégié seront ainsi avantagés ? Est-ce égalitaire de laisser chaque individu dans la même situation face à l’emploi quand un jeune d’origine immigrée a trois fois moins de chances d’être embauché qu’un Français dit « de souche » ?

Quand une inégalité existe à l’origine, l’égalité de traitement est une manière de prolonger cette inégalité, alors qu’une forme d’inégalité compensatrice peut l’atténuer. Il faut donner plus à ceux qui partent avec moins si l’on veut que tous aient des chances comparables de réussite et d’épanouissement. C’est le moyen de lutter contre l’exclusion sociale. C’est aussi la juste signification de la solidarité et la condition réelle de sa mise en œuvre.

 La société sociale-libérale pourrait être une « société des possibles » qui donnerait à chacun des potentialités de réussite et d’épanouissement. Une société dans laquelle chacun d’où qu’il vienne, quels que soient son parcours et ses choix pourrait se dire qu’il a sa chance, chance de réussir sa vie professionnelle et sociale, chance de vivre pleinement sa vie d’homme ou de femme. C’est pour notre société le moyen de répondre aux dangers de délitement, de résignation ou de violence, qui la menacent. On ne pourra pas retrouver une société juste, dynamique et motivée, tant que ses membres, notamment les plus jeunes, n’auront pas le sentiment d’avoir une chance de s’en sortir.

C’est lorsqu’on ne leur propose aucune perspective que les peuples se crispent sur leurs acquis, c’est lorsqu’ils peuvent adhérer à une vision de l’avenir et partager une espérance, qu’ils s’impliquent et deviennent moteurs. Celui qui attend trop souvent qu’on le prenne en charge et qui réagit par la récrimination et la revendication, retrouvera le désir de construire lorsqu’il en attendra son développement et son épanouissement.

 La société que souhaitent  les  sociaux-libéraux doit reposer enfin sur un élargissement de la sociabilité, car ses membres ne sont pas seulement liés entre eux par des relations d’intérêt, ils le sont aussi par le dialogue, par des rapports non codifiés de confiance et de réciprocité, tout ce qui, fondé sur la prise en compte de l’autre et les devoirs qui doivent répondre aux droits que chacun possède, vient donner chair à la démocratie.

 Les sociaux-libéraux ont l’ambition de contribuer à donner forme à une société dynamique et solidaire, capable d’affirmer tout à la fois une exigence de  liberté et de justice, de retrouver une espérance et une volonté d’agir, un but et des moyens d’y parvenir.

 

Marc d’Héré

 

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