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Cercle des Libertés Egales
10 mai 2013

Sarkozy: l'histoire immédiate

Par

 

Pas facile de raconter l'"histoire immédiate". Les coutures de fil blanc étaient un peu visibles le 8 mai, le soir où France 3 diffusait deux documentaires sur Nicolas Sarkozy : l'un de Franz-Olivier Giesbert et Laurent Portes ; l'autre, La droite a-t-elle tué Nicolas Sarkozy ? d'Anna Cabana et Jean-Charles Deniau. Il faut dépasser les tentatives de démonstration. Dès lors, les témoignages, l'envers du décor, cet homme qui touche au but de sa vie politique le jour où sa vie affective s'effondre, toutes ces archives nous passionnent, d'autant plus que les cendres de ces événements sont encore chaudes sous la braise.

Je repense au livre de Yasmina Reza L'aube, le soir ou la nuit, qui n'avait pas reçu, à l'époque, un accueil très enthousiaste. On comprend pourquoi cette écrivaine a eu envie de s'emparer de ce personnage complexe dans un roman immédiat. On voit à quel point Nicolas Sarkozy est plus que romanesque. On découvre qu'il est, à lui seul, son propre roman. Dommage que l'auteur n'ait pu le suivre que durant la campagne et qu'elle l'ait perdu de vue au moment où ça devenait vraiment extraordinaire, celui où, pour lui, tout a basculé.

Énergie hors du commun

Le deuxième documentaire permet de mieux comprendre ce qui se passe dans le premier, en particulier avec l'intervention de François Fillon. On y explique le rapport entre Sarkozy et la droite, comment il s'inscrit dans une longue tradition d'affrontement entre bonapartistes et orléanistes. Mais, surtout, ce qui apparaît d'une façon surprenante, c'est à quel point la probabilité était faible pour que cet homme devienne, un jour, le leader de cette droite française et, par extension, le chef de l'État. Sa carrière politique est une longue suite de portes qui se referment devant lui, les unes après les autres. Et pourtant ! Une énergie hors du commun, une volonté farouche, finissent toujours par faire voler en éclats tous les obstacles. Impossible de comprendre objectivement ce curieux mécanisme. C'est "Mission impossible" depuis la victoire sur Pasqua à l'âge de 28 ans à la mairie de Neuilly, jusqu'à la poignée de main avec Chirac dans la cour de l'Élysée en 2007.

Tout, chez Sarkozy, hérisse le poil de la France conservatrice, murée dans ses habitudes. Il la bouscule avec une insolence inaccoutumée. On s'interroge, par exemple, sur la patience de Jacques Chirac qui devra attendre 2012 pour se lâcher et dire en plaisantant qu'il votera pour Hollande. Mais plaisantait-il vraiment ? Car Hollande rassurait cette bourgeoisie, là où Sarkozy l'exaspère. On a tout dit sur ce sujet. Certains moments m'ont semblé fulgurants dans ce destin si singulier qui n'a plus grand-chose à voir ni avec la droite ou la gauche, ni même avec une certaine France.

Personnage atypique

C'est le cas lorsqu'il deviendra pour six mois président de l'Europe et que le vent de l'histoire se mettra à souffler avec la crise financière mondiale. On le voit, soudain, se métamorphoser en homme-orchestre, s'emparant partout du leadership, avant que les autres aient eu le temps de réagir, en toute occasion, même en Géorgie avec un Poutine médusé, à Washington où il "convoque" Bush à un G20 pour réguler le capitalisme mondial. C'est dans ces moments, quand l'incendie se propage, que s'affirme une sorte de Bonaparte qui sommeillait en lui et qui, tout à coup, surgit tel un fantôme, lui donnant l'illusion de n'avoir plus de limites.

La question que je me pose est celle-là : comment notre pays, notre vieille nation, a-t-elle pu produire un personnage aussi atypique, qui ressemble aussi peu à son personnel politique traditionnel ? Cela saute aux yeux dans ces deux documentaires où nous avons affaire à une véritable "bête politique". Il lui manquait, comme à tous les hommes de cette envergure, de vivre la défaite, la vraie, celle que les peuples aiment tant leur infliger, et d'apprendre à la surmonter. Peut-être est-il en train de faire ? Lui en laissera-t-on le temps ? La suite de son roman historique nous le dira.

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Commentaires
P
Excellent article sur un personnage politique hors du commun! Une explication peut être de son originalité politique: ne pas être passé par les "filtres" des cohortes politiques de notre Vième République depuis Giscard et Mitterrand notamment: ENA,ESSEC,HEC.... Ces "fabriques" de politiciens "professionnels" qui ont tous les mêmes réflexes dont un certain manque de courage, qui font métier de politique et rien que de politique. Depuis un certain 6 Mai 2012, nous en voilà abreuvés et repus!!<br /> <br /> La "normalité" n'étant que la face montrée de ce manque de courage et de franchise vis à vis de Français déroutés....Au final, ce roman Bonapartiste nous manque! Ce n'est pas F Hollande et son gouvernement de politiques professionnels à l'idéologie gaucho boboïsante teintée de sectarisme( pour qui ne l'applaudit pas!)....qui osera traverser le Pont d'Arcole en flammes!!!!!
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