Capital sans intérêt
par Gilles Norroy...
La prestation du Président de la République dans l'émission Capital de dimanche soir se voulait être un grand rendez-vous politique et économique puisque l'ambition de ce magazine est de rendre accessible au grand public les enjeux d'entreprise.
Ce rendez-vous aura été un flop déjà par la faible audience de l'émission avec seulement 2.8 millions de téléspectateurs.
Quand ce n'est pas en augmentant les impôts, Il ne fait plus recette, même à la télévision.
Le journaliste a eu beau lui tendre des perches, il n'en a saisi aucune se contentant de réaffirmer les mêmes clichés.
Sur le fond de son propos, on ne peut se contenter que de noter ses contradictions.
Il prétend faire baisser le niveau de dépenses publiques que selon lui son prédécesseur avait fait croître en faisant semblant d'oublier que la crise systémique de 2008 a nécessité de mobiliser des moyens financiers considérables.
Il oublie juste de dire qu'en ayant supprimé la RGPP qui prévoyait de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux, et dès le début de son mandat, en annonçant le recrutement de 60 000 enseignants, il passe le message inverse.
Mais au-delà de ces points d'équilibres financiers, le Président oublie la dimension politique de son poste qui devrait être de donner confiance aux acteurs économiques et aux premiers d'entre eux qui sont les chefs d'entreprises.
Mais qui peut avoir confiance quand le Parti Socialiste pour se complaire avec son aile gauche passe un discours anti-patrons, quand les classes moyennes et supérieures sont accablées d'impôts ?
L'exemple de cette jeune fille qui part en Australie car elle désespère de la France aurait du le faire réagir.
La difficulté du Président tient dans l'incapacité de sa formation politique à assumer l'économie de marché comme la fait par exemple le PSD en Allemagne avec les réformes courageuses du chancelier Schröder.
Il doit aussi assumer l'héritage de la retraite à 60 ans de l'ère Mitterrand et des 35 heures de l'ère Jospin qui sont autant de boulets qui empêchent la France d'avancer et d'avoir un niveau de dépenses publiques comparables à celui des autres pays européens.
Dans le fond l'impopularité du Président n'est pas tant son rejet que le manque d'intérêt qu'il suscite.
Toutes proportions gardées, il lui arrive un peu la même chose qu' Harlem Désir qui attirait la lumière quand il était jeune et donne envie de l'éteindre aujourd'hui.
Il aura en un an dilapidé son capital politique , cette émission aura eu le mérite de nous expliquer comment et pourquoi, ce qui est sa vocation.
Gilles NORROY