Victoire du FN, le "j'accuse" de Philippe Tesson

Philippe Tesson dans LePoint.fr...

Ce gâchis dans lequel elle se réveille aujourd'hui, la France l'aura voulu. Nous avons depuis trop longtemps porté au pouvoir des hommes indignes de leur fonction. La victoire de Le Pen est leur oeuvre. Ceux de gauche au premier chef. Ils y travaillent depuis plus de trente ans. Depuis trente ans, ils s'emploient à manipuler l'opinion en jouant sur la menace que représente l'extrême droite. Ils n'ont cessé d'exercer sur la droite modérée un chantage moral qui l'a complexée, culpabilisée, paralysée. Elle, de son côté, lorsqu'elle était au pouvoir, n'a eu ni le courage ni l'énergie de se libérer de ce piège et de s'affirmer pour ce qu'elle était. Seul Sarkozy a tenté de le faire. Il a été brisé par la manoeuvre de ses adversaires, par les palinodies du centre et par la pusillanimité des siens.

Le bilan désastreux de la politique menée depuis deux ans par le gouvernement socialiste a fait le reste. Le chemin ouvert jadis à Le Pen par Mitterrand, François Hollande en a fait un boulevard en poursuivant une politique qui a exaspéré le peuple français et a apporté au Front national une masse d'électeurs venus de tous les horizons, qui ont trouvé dans le rejet de l'Europe l'exutoire de leur colère.

La faute au peuple !

Cette analyse peut paraître simpliste si l'on rapporte le résultat français à celui de nos partenaires européens, qui marque un regain quasi général du nationalisme. Mais le passé européen de la France, le rôle éminent qu'elle a joué dans la construction de l'Union, le leadership qu'elle a exercé légitimement aux côtés de l'Allemagne sur le continent, les bénéfices qu'elle en a tirés, ses atouts et sa puissance auraient dû lui permettre de résister à la tentation souverainiste. L'Allemagne l'a fait. Au lieu de quoi la France aujourd'hui donne à ses partenaires l'exemple de la démission européenne. Elle est désormais en queue du peloton qu'elle a longtemps dirigé. La faute en est une fois de plus aux politiques qui, par leur immobilisme et leur impéritie dans leur action réformatrice, n'ont pas donné au pays les moyens de garder son rang. Son absence de l'Europe depuis deux ans, du fait des fantasmes arrogants de François Hollande, a permis au Front national de développer le discours démagogique que l'on sait.

Nos dirigeants vont-ils tirer les leçons de la situation qu'ils ont créée ? On peut en douter. Pour toute réponse, on entendait dimanche soir le porte-parole du gouvernement socialiste mettre en cause la faillite du sentiment républicain ! La faute au peuple ! On entendait simultanément Alain Juppé proposer une alliance aux centristes ! La solution dans la cuisine politicienne ! Ont-ils conscience de leur responsabilité ?

L'heure des comptes est pourtant advenue, si la France veut éviter le drame à l'échéance de ces trois prochaines années.

Face à un président disqualifié, à une majorité divisée et à une opinion désorientée, le devoir impérieux de l'opposition de droite est, après avoir nettoyé ses écuries, de se doter d'un leader incontestable doté de l'autorité nécessaire pour faire entendre au pays la vérité sur son état et pour définir les conditions propres à sa restauration. S'il existe, il doit se montrer sans tarder, et s'imposer.

Comments

[plusqueZEROjour]

Pour les hommes de droite, les syndicats sont toujours un très bon bouc émissaire.

[onco94]

100% d'accord avec cette analyse sauf quelques oublis sur le rôle de nos syndicats dans le désastre économique, la non évolution de la règlementation des entreprises les conduisant à leur arrêt quand elle vont mal, au lieu de pouvoir les reformer et d'en conserver la partie viable, ceci conduisant au chômage de masse faisant le lit du FN.

De plus il faut avoir le courage de passer à l' "immigration zéro" , pas contre les étrangers, mais pour redonner du travail aux français .