La Rochelle Blues
Par Gilles Norroy...
Je n’ai jamais regretté d’avoir quitté le Parti Socialiste, cela fera bientôt dix ans, mais je garde cette nostalgie du beau week-end de fin Août à la Rochelle qu’était l’occasion de son université d’été.
La tiédeur des Charentes, la beauté de la ville de la Rochelle, le charme de ses excellents restaurants, le repos encore proche des vacances, tout concourrait à créer une atmosphère relativement paisible, un match amical avant les affrontements et les combats de la rentrée.
Cette université était aussi l’occasion d’un rituel bien huilé dans lequel les mêmes disent les mêmes choses depuis souvent plus de vingt ans.
L’arrivée des éléphants( c’est ainsi que les militants socialistes appellent les dirigeants, sans doute parce qu’un éléphant ça trompe énormément) faisait partie du spectacle : forêt de caméras, essaim de paltoquets sciences-po en recherche d’un poste de porte-coton, vêtement décontracté chic, embrassades faussement enjouées avec les adversaires des autres courants, étaient autant de codes sociaux de cette université qui est « the place to be » quand on veut exister au sein du PS.
Dans les années où je participais à l’événement, le Premier Secretaire était François Hollande. L'histoire lui rendra justice, comme President, il n’est pas fait pour le job, mais comme organisateur de spectacles politiques, il est excellent.
La Rochelle c’est un événement entièrement prévisible.
Chacun est dans son fond de commerce comme autant de stands dans une foire de commerce.
La Gauche du PS tient Radio Nostalgie en entonnant les tubes qui ont marché : l’été indien des 35 heures, quand c’est fini , ni nini, la retraite à 60 ans.
Le PS raisonnable place aussi sa partition.
Manuel Valls n’a pas été mauvais dans la forme, faire applaudir François Hollande, relevait de l’exploit politique, mais montre quand-même le décalage avec les Français.
Christiane Taubira est venue montrer le souci qu’elle avait d’elle-même, à défaut d’avoir celui de la sécurité des Français, en faisant une risette muette à la gauche du PS rassemblée dans le mouvement Vive la Gauche ( faut-il donc qu’elle soit bien malade) pour conspuer son Premier Ministre. Son obsessionnel désir de revanche et de destruction de la société française, trouve même à s’exercer au sein d’une formation dont elle n’est pas adhérente.
L’essentiel à La Rochelle est de trouver la bonne formule, je me souviens que François Hollande avait conclu celle de 2002 après la défaite de Jospin en commençant son discours par « la Gauche est de retour ». Il faudra quand même 12 ans de plus pour que cela deviennent réalité (et quelle réalité !), j’espère qu'il se trouvera quelqu’un pour dire la même chose fin Août 2017.
Françoise Morvan a écrit un remarquable pamphlet sur les mouvements autonomistes bretons, qu’elle a intitulé un « monde comme si », dont je recommande la lecture à tous ceux qui font de la politique.
Elle décrit l’univers de ceux qui, telle Alice aux pays des Merveilles, sont passés de l’autre côté du miroir des réalités.
C’est tout à fait ce que je ressens quand je vois mes anciens camarades dans leurs querelles de mots, leurs jeux d’acteurs, leurs grandes phrases qui ne débouchent sur aucune action concrète.
Hervé Mariton dans son livre « le bonheur regarde à droite » dit : « on ne naît pas de droite, mais on le devient le jour où l’on découvre que l’idéologie de gauche détourne de la raison et de la réalité »
Il me reste donc à revenir à La Rochelle pour un week-end consacré aux fruits de mer.
Gilles Norroy