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Cercle des Libertés Egales
25 mars 2015

Sarkozy, retour aux fondamentaux

Nicolas Sarkozy : le retour aux fondamentaux

                

 


                                                    Crédits photo : FRANCOIS GUILLOT/AFP

FIGAROVOX/ANALYSE - Maxime Tandonnet, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, se réjouit de voir ce dernier revenir à un discours plus en phase avec la réalité des Français.

                                   

Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l'exercice de l'État pour FigaroVox. Il est haut fonctionnaire, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République et auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru le 27 août. Découvrez également ses chroniques sur son blog.


Les différentes interventions de Nicolas Sarkozy depuis le premier tour des élections cantonales du 22 mars, le soir même du scrutin et sur RTL ce matin, ont permis de clarifier sa position sur plusieurs sujets. Le «ni-ni», dans son esprit, a toute sa logique. Dès lors que la poussée du FN, particulièrement spectaculaire depuis 2012, est selon lui le produit de la politique socialiste, les deux partis, PS et FN, ne peuvent que faire l'objet d'un rejet identique.

En déclarant qu'il n'a pas de «leçons de morale» à recevoir du Premier ministre, il dénonce une ambiguïté socialiste qui consiste à mettre en valeur par tous les moyens le mouvement lepéniste, y compris en se déchaînant sur lui, afin d'affaiblir le camp des républicains modérés.

Son opposition aux «menus de substitution» dans les cantines scolaires pour raisons religieuses, renvoie à un axe fort de son quinquennat, celui du rejet du communautarisme qui s'est traduit par l'interdiction de la burqa dans l'espace public, votée à son initiative en 2010.

Le président Sarkozy cherche une réponse républicaine à la montée des tensions communautaires en France, fondée sur un équilibre entre la liberté de culte, principe constitutionnel, et le respect de la laïcité dans les lieux publics tels que l'école. On en revient là aussi à l'un des points forts du sarkozisme: répondre au FN sur le terrain des idées et des faits, et non celui de la stigmatisation de son électorat.

Faut-il parler de retour à la «droitisation» à l'instar de tant de commentaires? L'ancien président (qui n'a jamais eu besoin de «gourou» contrairement à une légende bien entretenue) a une profonde conscience des tensions qui minent la société française.

Sa défense des chrétiens persécutés dans le monde, à l'inverse de la classe politique silencieuse dans son immense majorité, rappelle les actions engagées en 2008 et 2009 et le pont aérien mis en place pour permettre l'arrivée en France de plusieurs centaines de familles chaldéennes menacées de mort en Irak. A plusieurs reprises quand il était à l'Elysée, le président Sarkozy avait évoqué les «racines chrétiennes» de la France notamment à l'occasion de son «discours de Latran». Il montre sa différence en prononçant, sans honte, le mot chrétien.

Lors de son allocution de dimanche soir, il a de même évoqué la «sécurité», un sujet qui fut au centre de son quinquennat et reste au coeur des préoccupations des Français, mais désormais occulté dans le discours politique.

Faut-il parler de retour à la «droitisation» à l'instar de tant de commentaires? L'ancien président (qui n'a jamais eu besoin de «gourou» contrairement à une légende bien entretenue) a une profonde conscience des tensions qui minent la société française. Le fossé qui ne cesse de se creuser entre les élites politiques, médiatiques, intellectuelles et la France profonde, représente chez lui un sujet de préoccupation permanent dont il ne cessait déjà de parler à l'Elysée.

Cette poussée populaire vers des valeurs refuge tel que la nation, l'unité, l'autorité   qu'il est réducteur et méprisant de qualifier de «droitisation» ou de «populisme»   Sarkozy la perçoit mieux que n'importe quel autre homme politique français.

Les responsables politiques français dans leur ensemble ne semblent pas avoir pris toute la mesure de la gravité et de la profondeur du désarroi populaire. Ce dernier s'exprime dans le sondage CEVIPOF de février 2015: 85% des Français jugent que les politiques «ne tiennent pas compte de ce que pensent des gens comme eux», 40% éprouvent de la méfiance envers la politique et 25% du dégoût, 69% expriment une vision négative de l'immigration alors que les milieux dirigeants et intellectuels - qui évacuent cette sensibilité d'un revers de main en la qualifiant de «populiste» - ne cessent depuis trente ans de célébrer l'immigration comme «une chance pour la France». 14% des Français font encore confiance aux partis politiques.

 

La question de l'identité tourmente une société française déboussolée, dévastée par le chômage, l'exclusion, le sentiment de fragmentation, la menace du terrorisme et du communautarisme. Qui sommes-nous dans la mondialisation et dans l'Europe? 50% des Français veulent que l'Etat les protège de l'extérieur. 82% se déclarent fiers d'être Français et 68% seulement Français ou plus Français qu'Européens.

 

Cette poussée populaire vers des valeurs refuge tel que la nation, l'unité, l'autorité - qu'il est réducteur et méprisant de qualifier de «droitisation» ou de «populisme» - Sarkozy la perçoit mieux que n'importe quel autre homme politique français.

La France est une société qui souffre et l'ancien chef de l'Etat ressent cette souffrance mieux que quiconque. N'a-t-il pas été le seul président de l'histoire à recevoir systématiquement à l'Elysée les parents des victimes d'actes criminels et barbares? Dans cette période de doute profond et de malheur pour beaucoup, une image est devenue insoutenable pour les Français: celle de responsables politiques obsédés par la conquête de l'Elysée - ses salons prestigieux aux dorures étincelantes - une présidence de la République impuissante depuis quarante ans à régler leurs difficultés et à apaiser leurs angoisses.

A en croire sa dernière déclaration sur RTL, Nicolas Sarkozy - refusant de parler de l'élection présidentielle - a également fort bien compris cette évidence.                                   

      

 Maxime Tandonnet

 Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru le 27 août. Découvrez également ses chroniques sur son blog.

        

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