Le tripartisme ne durera pas
Les commentateurs, notamment les journalistes et les politologues qui se sont lourdement trompés sur le résultat des élections départementales, tentent de nous persuader que nous sommes entrés dans une longue période politique nouvelle, celle du tripartisme.
Il est vrai que ces élections en donnent l’apparence mais il est probable que cette situation (pour autant qu’elle soit réelle) ne pourra pas durer, car elle n’est compatible, ni avec nos traditions, ni avec notre système politique et électoral. Ceux qui sont conscients de ce caractère provisoire, parient pour un retour au bipartisme avec écroulement d’un des deux partis dits « républicains » PS ou UMP. Je n’y crois pas une seule seconde et je pense que la situation évoluera (et cela a déjà commencé) dans un sens bien différent.
J’ai le sentiment que nous allons, et nous le constaterons sans doute dès les élections régionales de décembre 2015, vers un multipartisme (constitué de cinq partis) avec un bloc archi dominant.
Ces cinq partis, pour l’essentiel déjà existants, mais en pleine évolution, basés sur de réelles différences idéologiques, devraient pour un temps assez long structurer la vie politique française.
Un Front de Gauche élargi aux écologistes de gauche et aux plus extrémistes des frondeurs représenterait ce courant souverainiste, étatiste et égalitariste fortement inscrit dans la tradition française. Il pourrait peser un peu plus de 12%.
Le Parti Socialiste, converti à une sociale démocratie molle, affaibli, amoindri, coupé d’une partie de son aile gauche qui rejoindra le Front de Gauche et de son aile droite qui pourrait trouver sa place dans le nouveau parti de Nicolas Sarkozy, ne devrait guère dépasser les 18%.
Un Parti Centriste et Européen (constitué en réalité de libéraux et de réformateurs de droite) qui regrouperait l’UDI et le MODEM, pourrait bénéficier de quelques transferts venant des écologistes « libéraux », de MRG déçus par le PS, et de « non politisés ». En revanche de nombreux adhérents actuels s’en éloigneront, attirés par le parti de Nicolas Sarkozy qui va avoir le vent en poupe. Comme le Front de Gauche on peut estimer le poids des Centristes à environ 12%.
Le Front National, sèchement stoppé dans sa progression par le retour de Sarkozy, et son manque évident de cohérence, va mécaniquement se trouver sur une pente déclinante pour, d’ici quelques mois, ne plus dépasser les 21/22%.
Reste, si l’on tient compte de 2 à 3% de divers, autour de 35% pour le Nouveau parti de droite bonapartiste, dirigé et dynamisé par Nicolas Sarkozy, qui remplacera l’UMP, que nous appellerons « Les Républicains ». Avec le Parti centriste, Les Républicains pourraient constituer un bloc archi dominant d’un niveau pas très éloignés des 50%.
S’il reste uni, et on peut supposer que tous ses responsables auront l’intelligence de s’y efforcer, ce bloc de droite remportera sans difficulté les régionales et, avec Nicolas Sarkozy, les présidentielles…comme les législatives qui suivront.
Assez vite, avant même les prochaines régionales, des sondages devraient nous renseigner sur la crédibilité que l’on peut donner à cette nouvelle situation politique.
Marc d’Héré