ROUEN: Sarkozy rassembleur et offensif pour soutenir l'UDI Hervé Morin.
Venu soutenir lundi soir à Rouen, devant une salle acquise et qui l’a souvent applaudi, Hervé Morin et Françoise Guégot, chefs de file des listes de la droite et du centre dans la région Normandie, Nicolas Sarkozy s’est exprimé sans notes. Il a tenu un discours militant, musclé, décomplexé en s’en prenant à plusieurs reprises aux bien-pensants : "La République, a-t-il ainsi martelé, a reculé sous l’effet de la bien-pensance."
Une bien-pensance qui a fait et continue de faire, a-t-il insisté, "des ravages". Une bien-pensance "qui nous a interdit, assure-t-il, de débattre des sujets que nous souhaitions". Et d’évoquer pêle-mêle son discours de 2012 à Grenoble ("Je ne savais pas que je serais un jour à ce point dépassé", ironise-t-il), le débat qu’il avait ouvert le premier sur l’identité de la France ("Que n’ai-je entendu à l’époque?"), sa proposition d’une réforme de fond des accords de Schengen ("Le mot frontières n’est pas un gros mot"), son souhait d‘un autre politique pénale ("Le contraire de celle qui est menée"), sa proposition de création de centres de déradicalisation ("Quand on consulte des images de pédophilie, on est un pédophile. Quand on consulte des sites djihadistes, on est djihadiste"), ou encore les questions qui se posent, assure-t-il, sur le niveau des prestations sociales en France comparativement à celles de nos voisins.
Plus inattendu : on a même entendu Nicolas Sarkozy s’indigner (sans revenir sur le fond) que les manifestants contre le mariage pour tous ait pu être traités par la gauche de "petits-bourgeois réactionnaires". L’ancien chef de l’Etat n’a évoqué la Cop 21 que par allusion, au début de son propos : "Il n’y en a plus que pour la Cop 21. Comme si la drame qu’a connu la France était déjà passé". Or personne ne peut assurer aujourd’hui, dit-il, qu’il n’y aura pas, de la part des terroristes, récidive. Le risque existe en tout cas. Et il est sérieux.
L’opposition ne doit pas s’abandonner, a-t-il dit, à la "petite politique" et doit donc approuver ce qui doit l’être : par exemple l’état d’urgence ou le maintien à la date fixée des élections régionales. Mais sa vocation, "loin des polémiques", c’est aussi d’examiner, enchaîne-t-il, si les actes suivent ou non les paroles. Et le président des Républicains de s’interroger : "Pourquoi, depuis les attentats de janvier, rien n’avait été mis en œuvre? Pourquoi, puisqu‘on connaissait apparemment les adresses, n’avait-on procédé à aucune perquisition jusqu’aux attentats qui viennent d’avoir lieu?"
Nicolas Sarkozy –refusant, insiste-t-il, un "monde aplati", une "société multi-culturelle" et quelque forme que ce soit de "communautarisme"- s’en est pris à Rouen à une gauche qui défend aujourd’hui des idées à l’exact opposé de celles qui lui avaient permis d’accéder au pouvoir en 2012. "Après les mensonges, le tête-à-queue", lance-t-il, ovationné.
Appelant les électeurs à se rendre dimanche aux urnes "massivement", Nicolas Sarkozy a mis en garde le pouvoir : "Je sens monter en France une grande colère, une grande inquiétude aussi".