La rengaine de l'ouverture

Guillaume Roquette pour Le Figaro Magazine. 18 décembre 2015

Finalement ces élections ont fait du bien à la droite. Pas tant en raison de son score (avec seulement 7 régions gagnées sur 13 dont 2 grâce à l'abandon de la gauche, elle a même senti le vent du boulet), mais parce qu'elle semble enfn s'être réveillée. Il était temps! Obnubilés par leurs petites stratégies personnelles, les dirigeants des Républicains avaient l'air de ne pas comprendre qu'un Front National durablement installé comme troisième force pouvait les faire disparaître du paysage politique national. Mais cette fois, tout le monde a compris le danger. Il ne leur reste plus que le plus difficile: se mettre d'accord sur la marche à suivre.

Du côté de la direction du parti les choses s'éclaircissent un peu. Rappelons que Nicolas Sarkozy quand il avait été élu président de ce qui s'appelait encore l'UMP, avait trouvé habile de nommer 2 adjoints qui n'étaient d'accord sur à peu près rien: Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez. Au vu du succès spectaculaire que ce dernier a rencontré les électeurs semblent eux avoir choisi leur camp: celui d'une droite qui n'a pas peur de son ombre. Et c'est donc assez logiquement que NKM doit aujourd'hui quitter son poste à la demande de Sarkozy. Le plus étonnant est qu'elle s'en étonne: dans toute organisation un tant soit peu rationnelle, lorsqu'un numéro deux prône une stratégie opposée à celle de son patron, il fait assez vite ses cartons.

Curieusement NKM n'est pas la seule à vouloir infléchir vers la gauche la ligne des Républicains. Malgré l'enseignement aveuglant du dernier scrutin - une droitisation inédite de la société française-, d'autres dirigeants de ce parti rêvent de faire cause commune avec François Hollande et sa majorité. De Christian Estrosi (dont la plasticité idéologique force l'admiration) à Jean-Pierre Raffarin (qui vien d'inventer le concept de "patriote d'ouverture"... c'est à qui en appelait avec le plus d'ardeur cette semaine au rassemblement républicain. Au nom d'une idée simple: Tous unis contre le FN.

Unis, mais avec qui? Avec Manuel Valls qui montre quptidiennement son sectarisme en brandissant le sceptre de la guerre civile? Avec Claude Bartolone qui voit dans la Manif pour tous "un mouvement obscène" et s'est comporté ignominieusement avec Valérie Pécresse? Avec Laurent Fabius dont l'aveuglement diplomatique a fait le jeu de l'Etat Islamique, notre ennemi mortel? Les électeurs de droite n'ont jamais compris pourquoi Nicolas Sarkozy au nom de l'ouverture avait nommé des ministres de gauche. Ils ne comprendraient pas davantage un rapprochement contre nature sous l'égide de François Hollande.

Unis mais pour quoi faire? Raffarin explique qu'il veut "travailler avec le gouvernement ". Travailler à recruter des fonctionnaires (on apprend qu'il y en a eu  40.000 de plus en 2014)? A augmenter les impôts et la dette publique? A glorifier le "vivre ensemble" pour mieux occulter les progrès de l'islamisme dans les banlieues?

Le vote FN, selon les observateurs a couronné le manque de convictions et de courage de la droite. Drôle de réponse que celle qui consiste à vouloir le combattre en allant se jeter dans les bras de la gauche.