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Cercle des Libertés Egales
2 mars 2016

Nicolas Sarkozy dans le Parisien

 Propos recueillis par Olivier Beaumont, Catherine Gasté et Nathalie Schuck |  01 Mars 2016, 22h11 | MAJ : 02 Mars 2016, 13h32

Le chef des Républicains nous dévoile les mesures qu’il compte soumettre ce mercredi matin aux agriculteurs en colère et ses projets de big-bang social pour 2017.  

Vous vous rendez ce matin au Salon de l’agriculture. Le président a été hué et injurié samedi, la détresse justifie-t-elle la violence ?

NICOLAS SARKOZY. Rien ne peut justifier la violence dans une démocratie.

Mais la question est moins de réagir aux sifflets contre Monsieur Hollande que de répondre à la désespérance des agriculteurs et au sentiment d’abandon et d’humiliation du monde rural.Qu’allez-vous leur dire ?

Sous ce quinquennat, notre agriculture est passée du troisième au cinquième rang mondial ! C’est pourtant l’un des fers de lance de notre économie. Il faut donc décréter l’état d’urgence agricole. Pour cela, il faut baisser les charges des agriculteurs et adapter les règles de la fiscalité aux spécificités agricoles (aléas climatiques, variations des cours) pour qu’ils restent compétitifs sur le marché international et face à nos voisins européens. Les abattoirs allemands ont par exemple nettement moins de charges.

Le gouvernement vient d’annoncer une baisse de charges !

Non, il a commencé par abroger dès 2012 la TVA compétitivité qui aurait permis de baisser très fortement les charges sur l’emploi agricole. Et maintenant, il a finalement décidé d’étendre avec retard aux entreprises agricoles le principe du CICE (crédit d’impôt compétitivité entreprise). Quant aux normes qui étouffent les agriculteurs, on a été trop loin, y compris au moment du Grenelle de l’environnement. Je propose donc qu’une norme imposée en France ne puisse pas être plus contraignante que la moyenne des normes européennes. Enfin, un moratoire sur les normes devra être mis en place en associant les professions agricoles.

Vous exigez que les sanctions contre Moscou soient levées. Ça nous engage sur le plan diplomatique...

La Russie, c’est près de 10 % des exportations de l’agriculture européenne ! Est-ce aux agriculteurs de payer le prix de l’embargo ? La réponse est non. Qu’on ne me dise pas que vendre des Rafale à l’Egypte c’est moral, et que vendre des Mistral à Vladimir Poutine c’est immoral.
«Stéphane Le Foll est un ministre de l’Agriculture à mi-temps»  

C’est tout le monde rural qui est en souffrance.

Il faut un plan Marshall pour sortir la ruralité de cette situation d’abandon : à un euro investi pour la ville doit correspondre un euro pour la ruralité, comme nous l’avions fait avec Jacques Chirac pour les banlieues. Ce plan de plusieurs milliards d’euros sera la priorité de l’alternance en 2017.

Vous le financez comment ?

Nous organiserons une convention des Républicains le 9 mars pour annoncer des pistes fortes de réduction de la dépense publique, par exemple la reprise du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite dans l’Etat mais aussi, ce qui est nouveau, dans les collectivités locales.

Stéphane Le Foll est-il à la hauteur ?

C’est un ministre de l’Agriculture à mi-temps, qui n’obtient jamais rien à Bruxelles ! Face à une telle crise, il faut un ministre à temps plein. Par ailleurs, il est regrettable qu’il n’y ait pas un seul Français au cabinet du commissaire européen à l’agriculture.
«Sur la loi El Khomri, la montagne accouchera, comme toujours, d'une souris»  

Fronde des agriculteurs, grogne des taxis, menaces de manifestations contre le projet de loi Travail, la révolte sociale couve ?

Je n’ai jamais senti une telle colère dans le pays. Voilà le résultat des mensonges de la campagne de François Hollande. Il n’y a pas une seule catégorie de Français qui ne sente pas trahie ! Chaque semaine nous apporte une illustration de ces tergiversations et de ces reniements. Reniement sur le nucléaire : il avait promis de fermer Fessenheim, Mme Royal décide de prolonger les centrales de dix ans. Tergiversations avec le projet de loi El Khomri, abandonné avant même d’avoir été discuté devant le conseil des ministres. Les uns disent rouge, les autres disent blanc, le président ne dit rien et commande rapport sur rapport pour accompagner le report. A l’arrivée, la montagne accouchera, comme toujours, d’une souris.
QUESTION DU JOUR. Loi El Khomri : le gouvernement ira-t-il jusqu'au bout ?

En clair, le report du texte serait un enterrement ?

A-t-on jamais vu un gouvernement reporter pour sauter plus haut ? Quand on commence à reculer sur un texte, ce n’est pas bon signe !

Ce projet reprend vos idées, votre parti devrait logiquement le voter, non ?

Que le rôle de l’opposition soit de voter des réformes quand elles vont dans le bon sens, j’en suis pleinement d’accord, mais attendons le texte définitif avant de prendre position. Regardez la révision de la Constitution, elle a changé plusieurs fois entre son passage en conseil des ministres et son examen au Parlement...

Faut-il craindre un scénario à la CPE (contrat première embauche), qui avait mis un million de personnes dans la rue en 2006 ? Le gouvernement Villepin avait dû reculer...

En cinq ans, je n’ai jamais retiré un texte devant la rue. Certaines mesures de Mme El Khomri semblaient intéressantes, mais qu’en restera-t-il quand le texte sera passé au tamis des divisions internes de la gauche ? Tout cela traduit un état d’impuissance et d’improvisation.

Le gouvernement a-t-il encore les moyens de gouverner ?

En regardant Manuel Valls et Emmanuel Macron, je me demande combien de temps ils vont tenir en faisant le contraire de ce qu’ils annoncent ! Il n’y a plus ni cap ni capitaine.

La promesse de François Hollande d’inverser la courbe du chômage a-t-elle du plomb dans l’aile ?

Malheureusement pour les Français, je crains que cette promesse ne vienne s’ajouter à la longue liste de celles non tenues.

Et vous, comment comptez-vous combattre le chômage ?

Il faut agir vite, dès le lendemain de l’élection présidentielle. Cela passera par trois lois votées dès juillet 2017. Un premier projet sera déposé à l’Assemblée nationale pour réduire les impôts et les charges de 25 milliards d’euros. Un second au Sénat pour réduire les dépenses publiques de 100 milliards sur le quinquennat. Et un troisième, enfin, réformera le marché du travail en donnant plus de liberté aux entreprises et en faisant sauter les verrous qui freinent l’emploi.

Vous préparez un choc social ?

Le choc social, ce sont les 6 millions de chômeurs. Il est indispensable de revoir les conditions de rupture du contrat de travail, notamment pour raison économique. Il faudra alléger drastiquement tous les seuils sociaux en-dessous de 50 salariés, autoriser le référendum en entreprise et imposer l’obligation pour un délégué syndical d’être élu et pas seulement désigné par une centrale. Laissons aussi la liberté aux entreprises de dialoguer avec les salariés sur la durée du travail pour sortir du carcan des 35 heures. Enfin, il faudra reporter l’âge de la retraite à 63 ans dès 2020, et 64 ans en 2025 en rapprochant les règles de calcul entre salariés du public et du privé.
Le bon moment pour sa candidature? «Autour de l'été»  

Vous regrettez de ne pas être allé plus loin sur les 35 heures ?

J’y reviens dans mon livre «La France pour la vie». Je pensais qu’avec les heures supplémentaires défiscalisées, on réglerait le problème. La vérité, c’est que j’aurais dû aller plus loin en laissant une plus grande liberté aux entreprises.

A vos yeux, le gouvernement Valls est donc en échec ?

C’est une évidence. Heureusement, l’alternance aura lieu dans un an ! Ça renforce pour notre famille politique le devoir de tout dire avant les élections pour être en mesure de tout faire après.

Quand comptez-vous annoncer votre candidature pour 2017 ?

Je ne pense pas manquer au débat des primaires, il y a chaque jour de nouveaux candidats. Je suis le garant de l’unité de la famille, ce que les Français attendent, c’est un projet d’alternance fort. Pourquoi cette agitation ? Les primaires commencent le 9 septembre et se terminent le 27 novembre.

Vous avez relancé votre association de financement, c’est un signe!

Prévoir n’est pas décider...

Quel sera le bon moment ?

Autour de l’été.

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