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Cercle des Libertés Egales
17 mai 2016

Sarkozy dans Le Monde: il faudra refonder le projet européen

 17  mai  2016 

Dans une interview accordée au journal Le Monde, le président de notre famille politique, Nicolas Sarkozy, appelle à « refonder profondément le projet européen » au moyen d'un nouveau traité. Ce sera l'un des thèmes de travail de la matinée consacrée ce mercredi à l'Europe dans le cadre de l'élaboration du projet politique d'alternance 2017.

Selon Frontex, moins de 2 700 réfugiés ont accosté sur les îles grecques en avril, dix fois moins que le mois précédent. L'accord de l'Europe avec la Turquie est donc un succès, non ?

Nicolas Sarkozy.- Non. Ne confondons pas ce qui est conjoncturel et structurel. L'effondrement de la Syrie provoque un afflux de population vers l'Europe. De plus, l'Afrique va doubler de population en trente ans. Penser que la Turquie peut durablement gérer et résoudre ces problèmes est une erreur. L'Europe peut-elle faire confiance à un pouvoir turc, qui évolue de plus en plus vers un régime autoritaire ? Je le conteste.

La chancelière allemande Angela Merkel a-t-elle eu tort dans la crise des réfugiés ?

Un des problèmes majeurs actuellement en Europe est l'absence complète de leadership. Or, il n'y en a qu'un possible : c'est le leadership franco-allemand. J'en ai douté avant d'être élu président en 2007. Je croyais qu'on pouvait avoir un leadership à cinq ou six pays. Très vite, je me suis rendu compte que cela ne fonctionnait pas, et que l'entente franco-allemande était indispensable. C'est pourquoi je ne critiquerai pas Mme Merkel et la politique allemande. Mais ce qui m'a choqué, c'est de voir Mme Merkel négociant seule avec le gouvernement turc. Où était M. Hollande ? Où est passée la voix de la France ? Quand Barack Obama vient en Europe, il rencontre la chancelière en Allemagne, après s'être arrêté au Royaume-Uni. La France a-t-elle disparu de la carte diplomatique ? Quelle humiliation ! C'est moins le leadership de Mme Merkel que l'effacement de M. Hollande, que je déplore.

Angela Merkel a-t-elle fait monter l'extrême droite avec sa politique d'accueil des réfugiés ?

On voit partout la montée de l'extrême droite en Europe. Ce n'est pas nous, Français, qui allons donner des leçons. Mais il y a une différence entre le discours et la réalité allemande. Certaines expressions de la chancelière ont pu laisser penser que l'Allemagne sous-estimait le problème, alors que, dans le même temps, le président du Conseil européen, Donald Tusk, m'indiquait que pas moins de 10 millions de personnes s'étaient mises en marche en direction de l'Europe. Mais force est de reconnaître que derrière le discours, le durcissement des règles allemandes est très fort. Ce fut pour moi un réel soulagement que de le constater.

En attendant, l'extrême droite pourrait remporter la présidentielle en Autriche, le 22 mai…

La situation en Autriche est très préoccupante. Dans ce pays dont la capitale, Vienne, fut le centre culturel de l'Europe il y a près d'un siècle, les partis de gouvernement font 11 % des voix, et l'extrême droite, 35 %. Laquelle va affronter un écologiste au second tour de la présidentielle ! Comment en est-on arrivé là ? L'Autriche paie l'échec des grandes coalitions qu'aiment tant les élites : quand il n'y a plus ni gauche, ni droite, quand il n'y a plus de débat, vous laissez un espace immense aux extrêmes. C'est une méconnaissance complète des ressorts de la démocratie, qui nécessite un débat vif et parfois frontal. En France, cela fait 25 ans qu'on ne peut pas discuter d'immigration sans être traité de raciste, d'islam sans être traité d'islamophobe, d'Europe sans être traité d'europhobe. Ce qui se passe en Autriche pourrait arriver en France.

Le 23 juin, les Britanniques votent sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Que faire en cas de « Brexit » ?

Le débat sur le « Brexit » est une opportunité pour refonder l'Europe. Je regrette que François Hollande n'ait pas fait de propositions en amont. Pourquoi attendre que la vaisselle soit cassée pour la réparer ? Sur nombre de leurs critiques, les Britanniques ont raison. Le décrochage des peuples vis-à-vis de l'Europe est un sujet de préoccupation majeur pour tous les pays. Je suis totalement opposé à la sortie du Royaume-Uni de l'Europe. Le pire serait le « Brexit » et l'adhésion de la Turquie : on aurait fait le grand chelem de l'erreur ! Mais « Brexit » ou pas, il faudra, dans tous les cas de figure, refonder profondément le projet européen, et cela passera par un traité dont la France doit être à l'initiative, dès l'été 2017.

Qu'y aura t-il de nouveau dans ce nouveau traité ?

La priorité sera de poser les bases d'un Schengen 2, car Schengen 1 est mort. Je propose que soit créé un euro-Schengen, c'est-à-dire un gouvernement de Schengen composé des ministres de l'intérieur des pays membres, avec un président stable, qui aurait autorité sur Frontex. L'immigration est un sujet qui nécessite un pilotage politique, et non pas simplement un traitement administratif. Je propose par ailleurs que la liberté de circulation des extra-communautaires ne soit plus permise dans l'Union européenne, tant que Schengen 2 ne sera pas adopté.

Adhérer à Schengen 2 supposera l'adoption préalable d'une politique d'immigration commune, avec notamment une harmonisation des prestations sociales accordées aux demandeurs d'asile, pour éviter le tourisme social. Au-delà des demandeurs d'asile, tout nouvel entrant dans l'Union européenne ne pourra pas toucher une allocation sociale avant un délai de cinq ans, à l'image de ce que font les Britanniques, et projettent de faire les Allemands. Chaque pays européen devra aussi disposer de la même liste de « pays sûrs », c'est-à-dire de pays pour lesquels la demande d'asile est en principe refusée. Ce n'est qu'une fois que nous aurons atteint cette harmonisation que nous pourrons nous passer de frontières intérieures à l'Europe.

Que faire pour renforcer la zone euro, et plus largement l'Union européenne à 28 membres ?

La France et l'Allemagne doivent assurer le leadership de la zone euro. Il faut un vrai gouvernement économique, avec notamment la création d'un secrétaire général qui soit un véritable directeur du trésor européen, pour favoriser la coordination des politiques économiques des Etats membres de la zone euro. Il faut également que le mécanisme de stabilité monétaire (MES), que nous avions créé avec Mme Merkel au moment de la crise financière, devienne un Fonds monétaire européen. Par ailleurs, je ne comprends pas que le FMI soit toujours présent dans la zone euro. En ce qui concerne l'Union européenne à 28, elle s'occupe de trop de domaines, doit se concentrer sur le fonctionnement du marché intérieur et une dizaine de politiques prioritaires (agriculture, énergie, commerce…). Tout le reste doit être rendu à la souveraineté des Etats.

La convergence économique entre la France et l'Allemagne est-elle possible, alors que la première compte près de 100 % de dettes par rapport à son PIB, et la seconde, 60 % ?

Il ne peut pas y avoir de zone euro sans une plus grande harmonisation des politiques économiques, fiscales et budgétaires. Mais l'harmonisation ne veut pas dire que nous devons tous avoir les mêmes taux de dettes, cela veut dire que nous devons aller tous dans la même direction. Le problème principal de l'économie française, derrière notre niveau de dette et de déficit, c'est avant tout notre niveau de dépenses publiques, à 57,5 % de notre PIB. Il faut prioritairement diminuer le poids de nos dépenses – je propose de les baisser de 100 milliards d'euros lors du prochain quinquennat – car s'attaquer à la dette sans réduire les dépenses n'aurait aucun sens.

Que dites-vous aux électeurs de Marine Le Pen qui partagent ses idées sur l'Europe ?

« Ne jetez pas l'Europe avec l'eau du bain ! » L'Europe est un acquis et une chance. Certes, l'Europe actuelle n'est pas celle que nous voulons ; c'est bien pourquoi il faut la refonder. Pour ma part, européen je suis, européen je reste. Je vais vous faire une confidence : assurer la présidence de l'Union européenne fut peut-être l'un des moments les plus forts de ma vie politique !

La mobilisation contre la loi travail se poursuit cette semaine. Appelez-vous les Français à manifester contre le gouvernement ?

Je n'encourage pas Nuit debout, ça c'est sûr. Ce n'est pas la loi El Khomri qui est en cause : elle dit si peu de choses… Ce qui est en cause, c'est le mensonge originel de 2012 : à quel moment M. Hollande a-t-il dit à ses électeurs, aux parlementaires et aux syndicats qui le soutenaient, qu'il modifierait le code du travail ? Jamais. Tout le problème est là : dans le sentiment justifié qu'ont tant d'électeurs d'avoir été trompés.

Retrouvez l'intégralité de l'interview sur le site lemonde.fr

 

Les Républicains

 

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