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Cercle des Libertés Egales
6 juin 2016

Laurent Wauquiez soutient Sarkozy, pour la victoire d' une droite sans compromis avec la gauche

INTERVIEW - Le n°2 des Républicains s’apprête à succéder à Nicolas Sarkozy. Son soutien à l’ex-président n’est "ni inconditionnel ni aveugle".

                       

Laurent Wauquiez, mercredi, à Paris.         Paru dans leJDD

Laurent Wauquiez, mercredi, à Paris. (Jérôme Mars pour le JDD)

Président du conseil régional ­Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez est vice-président du parti Les Républicains. Il milite pour "une vraie alternance" en 2017. Sans "ouverture" ni ­ministres de gauche (comme cela a été le cas en 2007).

Pourquoi êtes-vous hostile à la loi El Khomri, qui va en partie dans le sens que vous souhaitez?

Cette loi est l'incarnation de tout ce que je déteste en politique. On partait avec une idée simple : simplifier le droit du travail pour faciliter les embauches. On sort avec une loi qui ressemble à un canard sans tête qui court vers l'abattoir. Parce qu'il prend peur, le gouvernement décapite au passage tout ce qui avait un minimum de sens dans ce texte et, pour s'excuser d'avoir eu quelques jours une once de courage, il va maintenant acheter par des mesures corporatistes le silence de la CGT. Cela va nous coûter des millions d'euros. C'est exactement ce que les Français ne supportent pas dans la politique : le règne de l'impuissance, de l'impréparation et de la lâcheté. Mais il faut être honnête : cette image-là, on l'a donnée nous aussi. On l'a donnée lors du CPE, on l'a donnée en 1995 avec la réforme des retraites. C'est l'image d'une politique complètement impuissante à changer les choses.

Approuvez-vous Pierre Gattaz qui s’en est pris aux "minorités" qui se comportent, dit-il, "un peu comme des voyous"?

Le problème, ce n’est pas la CGT. Ce sont les politiques lâches qui ont abdiqué devant la CGT. Qu’un syndicat fasse son travail d’opposition, que la CGT lance des grèves, finalement elle est là pour ça. C’est son job. La question qui est posée aux élus c’est : est-ce que vous laissez ces minorités faire la loi ? Je suis convaincu que les minorités agissantes comme la CGT ou Nuit debout ne sont pas soutenues par l’immense majorité silencieuse. Mais qui, parmi les politiques, écoute cette majorité silencieuse ?

Comment jugez-vous les candidats à la primaire, tous avocats des solutions libérales?

Je leur dis : attention. La crise que traverse le pays n'est pas qu'une crise purement économique. C'est une crise de valeurs : une crise du rapport au travail, de la laïcité face au communautarisme, de la méritocratie. Ceux qui croient qu'on sortira de cette crise uniquement en expliquant comment on va passer de 3,2 % à 2,9 % de déficit se trompent. Je me méfie aussi de la course à "plus libéral que moi tu meurs". Si le libéralisme aboutit à ne plus avoir de politique industrielle, à oublier que l'objectif, c'est aussi de fortifier nos entreprises face à une concurrence mondiale effrénée, si le libéralisme est un ­capitalisme sans racines et sans identité, ça ne m'intéresse pas. Même les Américains ne se privent pas de protéger leurs entreprises quand il le faut. Il ne faudrait pas que les politiques français, avec la fureur du converti, confondent la modernisation du pays avec l'abandon de toute ambition industrielle, au profit d'un libéralisme qu'on achèterait comme un veau d'or, avec une naïveté coupable. Il ne faut pas qu'on dise : "Je suis libéral, donc je ne défends plus mes intérêts."

"Je me méfie aussi de la course à 'plus libéral que moi tu meurs'"

Certains, y compris dans votre camp, défendent le dépassement du clivage droite-gauche et le rapprochement des républicains des deux bords pour mieux affronter le FN. Et vous?

L'idée selon laquelle on réforme un pays avec un large consensus gauche-droite est une absurdité historique. Cela n'a jamais existé. Le Royaume-Uni ne s'est pas réformé dans le consensus gauche-droite. L'Allemagne de Schröder non plus. Par ailleurs, ceux qui sont tentés de faire des clins d'œil à la gauche pour combattre le FN font une lourde erreur. Ils devraient méditer l'exemple autrichien : quand on propose comme seule ambition politique un ventre mou sans odeur et sans saveur, les gens vont chercher aux extrêmes ce qu'ils ne trouvent plus en termes de vision et de colonne vertébrale. Et puis, quel point commun avons-nous avec cette gauche? La gauche de Najat Vallaud-Belkacem qui supprime les notes à l'école? La gauche de Christiane Taubira qui renonce à toute notion de sanction? La gauche de Manuel Valls qui fait le RSA pour les jeunes et promeut l'assistanat? Quel point commun avec François Hollande qui a étouffé les classes moyennes sous les impôts? Aucun. Aujourd'hui, il y a une attente forte des Français : ils veulent une vraie alternance. Plus que jamais, la droite et le centre doivent réaffirmer leurs valeurs, avant les élections, mais encore plus… après. Car il ne faut pas se tromper : quand on pratique l'ouverture à gauche, eh bien, à l'arrivée, on a une politique de gauche. Quand on nomme Martin Hirsch pour s'occuper de social, on récupère le RSA. Le problème de la droite et du centre en France, c'est sa démission intellectuelle. Pour se faire pardonner d'être à droite, on se sent obligé d'aller nommer des gens de gauche. J'attends donc de mes amis candidats à la primaire un engagement clair pour une vraie alternance.

«Si on revient en 2017, ce doit donc être pour faire le travail que les Français attendent de nous. Je veux une vraie alternance à droite»

C'est-à-dire?

Je demande aux candidats à la primaire un engagement de sincérité, qu'on arrête de duper les gens : s'ils sont élus en 2017, pas de ministre de gauche, aucun compromis avec la gauche dans la construction de notre future majorité. Il faut dire aux Français : "Si vous voulez une politique de gauche, votez Hollande. Si vous votez pour nous, vous aurez une autre politique." Il faut que tous les candidats soient d'une clarté totale sur ce sujet.

Nicolas Sarkozy, en son temps, avait pratiqué l'ouverture…

Lui-même a reconnu depuis que, sur le RSA, il avait été trompé et que, à l'arrivée, cela avait été une erreur. Il faut qu'on en tire, tous, toutes les conséquences. Le FN se nourrit du sentiment que, quels que soient ceux qui sont élus, on arrive toujours à la même politique. Si on revient en 2017, ce doit donc être pour faire le travail que les Français attendent de nous. Je veux une vraie alternance à droite.

Aucun compromis avec la gauche, même si le candidat de la droite est élu face au FN au second tour de la présidentielle?

Si un tel second tour a lieu, il faut être d'une clarté totale : on ne demande à personne de voter pour nous s'il ne veut pas voir nos idées appliquées. L'enjeu n'est pas juste de battre le FN mais d'appliquer notre projet pour la France.

"Ma force, c'est que je n'attends rien en 2017"

Pourquoi soutenez-vous Nicolas Sarkozy pour la primaire?

Ma force, c'est que je n'attends rien en 2017 : je ne veux pas être ministre, je ne suis pas un courtisan, je n'appartiens à aucune ­écurie. Je suis libre. Mais je me suis fixé un cap : je veux absolument que la droite revienne avec ses valeurs – la protection des classes moyennes, la lutte contre le ­communautarisme, l'autorité et le travail –, pour remettre le pays la tête à l'endroit. Dans cette primaire, ce sera mon seul critère de choix. Mon soutien à Nicolas Sarkozy n'est ni inconditionnel ni aveugle. Il repose sur une seule analyse : parmi ceux qui sont candidats, qui portera le mieux ces valeurs de la droite? Nicolas Sarkozy n'est pas un candidat parfait. Qui l'est? Il a commis des erreurs. Il a ses défauts comme chacun d'entre nous. Mais pour moi, c'est le meilleur parce qu'il a réfléchi à ses erreurs, donc il est capable de les dépasser. Ce que j'attends de lui, c'est qu'il mette son énergie et sa détermination, et c'est sa force, au service des valeurs de la droite.

Vous êtes aujourd'hui le vice-président des Républicains. Si Nicolas Sarkozy est candidat, souhaitez-vous lui succéder à la tête du parti?

Si Nicolas Sarkozy est candidat, les statuts s'appliqueront. Ils sont simples : c'est le vice-président qui est chargé d'assurer la suite. Je m'impliquerai pour qu'il y ait, à l'issue de la primaire, une unité complète derrière le candidat qui aura été choisi, quel qu'il soit.

Approuvez-vous l’initiative d’Anne Hidalgo de créer un camp au nord de Paris pour y accueillir les demandeurs d’asile?

Non. La gauche est prise dans une fuite en avant qui est une folie. Le problème de la France ce n’est pas de ne pas avoir assez de centres, c’est d’avoir trop de refugies. On n’a plus la capacité d’intégrer toutes ces personnes qui arrivent. La priorité, ce n’est pas de multiplier les camps de réfugiés. C’est d'arrêter un flux que nous n’arrivons plus à contrôler et d’investir massivement sur l’assimilation. Comment ne pas voir que la machine à intégrer ne fonctionne plus?

«Il faut combattre fermement les discriminations mais à condition d’être intransigeant sur l’intégration»   Karim Benzema estime qu’il n’a pas été sélectionné parmi les Bleus parce que Didier Deschamps aurait cédé à "la partie raciste" de la France

Il suffit de regarder la composition des Bleus pour voir que c’est absurde. Mais ce qui est important c’est ce que ça révèle. Trop souvent on brandit un peu facilement l'alibi du racisme comme seule explication à ses difficultés. Et la France cède un peu trop vite à mon goût à la mauvaise conscience. Il faut combattre fermement les discriminations mais à condition d’être intransigeant sur l’intégration.  

Emmanuel Macron obligé par le fisc de payer l’ISF rétroactivement, c’est une maladresse ou une faute?

C’est une faute morale. Le ministre de l’Economie prétendait renouveler la politique et apporter un nouveau visage, et on découvre qu’il a sous-évalué son patrimoine pour se soustraire à l’ISF. Voilà un ministre qui aura été uniquement un ministre de la parole, un ministre pour rien, et dont on découvre qu’il est sur le registre : "Faites ce que je dis et ne regardez pas ce que je fais". Chez moi, en Haute-Loire, on a l’habitude de dire que quand on veut monter au mât de cocagne, il ne faut pas avoir de trou à sa culotte.  

Faut-il mentionner les "racines chrétiennes" de la France dans la Constitution, comme le propose Eric Ciotti?

Eric Ciotti a raison de dire que la France doit assumer son histoire. C’est une évidence que cette histoire est faite de racines chrétiennes comme de l’héritage des Lumières. Inscrire cet héritage dans notre Constitution, c’est le meilleur moyen de s’assurer que notre pays repose sur une identité claire. Or, on n’a pas été suffisamment clair par le passé : on a laissé croire qu’un étranger pouvait s’installer chez nous sans faire siennes les valeurs de la France et son histoire. Dans notre culture, il y a les racines chrétiennes, il y a les valeurs de la Republique. Elles doivent être respectées et on doit arrêter les compromis qui font le lit du communautarisme. La France ne veut pas changer de nature.

Dominique De Montvalon et Christine Ollivier - Le Journal du Dimanche

 

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