Nicolas Sarkozy au JT de TF1 dimanche 17 juillet. (Capture d'écran TF1)
Décidément, pas d'unité nationale. Il était l'un des seuls à droite à ne pas avoir encore pris la parole au sujet de l'attentat de Nice : Nicolas Sarkozy s'est offert le JT de 20 heures de TF1 pour réagir trois jours après les événements du 14-Juillet, face à un François Hollande déjà torpillé par la droite.
"Tout ce qui aurait dû être fait ne l'a pas été"
L'ancien président Nicolas Sarkozy s'est montré très critique de l'action du gouvernement. "Tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois n'a pas été fait", a-t-il jugé comme Alain Juppé auparavant.
Se positionnant frontalement face au chef de l'Etat, il a déclaré que même s'il savait parfaitement"que le risque zéro n'existe pas, (...) nous sommes en guerre, une guerre totale. Nos ennemis n'ont pas de tabous, pas de frontières, pas de principes. Donc, je vais employer des mots forts: ça sera eux ou nous", a-t-il lancé, ajoutant qu'une "autre politique est possible".
"On ne résoudra pas le terrorisme avec la réserve opérationnelle"
L'ancien chef de l'Etat a également estimé que l'appel du gouvernement à rejoindre la réserve opérationnelle civile après l'attentat de Nice n'était pas de nature à "résoudre le problème du terrorisme". "Personne ne pense que faire appel à la bonne volonté des citoyens pour les sortir de leur retraite et pour venir participer une opération de sécurité ne soit pas bien. Mais il n'y a personne qui pense qu'on va résoudre le problème du terrorisme avec ça", a déclaré le président du parti Les Républicains.
Celui qui s'est présenté comme "le chef de l'opposition" a également estimé qu'il fallait "prendre contact de toute urgence avec la Russie, avec M. Poutine, pour qu'il n'y ait qu'une coalition" sur le terrain contre l'Etat islamique. "Nous avons une guerre extérieure et nous avons une guerre intérieure", a-t-il avancé, martial.
"Expulser les fichés S liés au terrorisme"
Martelant "qu'il y a des choses qu'on aurait dû faire", M. Sarkozy a souligné que son camp demandait par exemple "depuis 18 mois que la consultation de sites djihadistes soit considérée comme un délit", ce qui, a-t-il souligné, n'a été "voté qu'en juin et ne rentrera en vigueur peut-être qu'en octobre".
Il a aussi plaidé pour la création de centres de déradicalisation et réclamé à nouveau que "l'ensemble des personnes sur les fichiers S - 11.400 -, fassent l'objet d'une analyse précise". Selon lui, les fichés S étrangers soupçonnés de liens avec le terrorisme devraient être "mis dehors en urgence absolue" et ceux qui présentent des risques de radicalisation devraient porter un bracelet électronique, être assignés à résidence ou mis en centre de rétention.
"Fermer des mosquées"
L'ancien chef de l'État a également plaidé pour une "fermeture des lieux de culte dont nous ne voulons pas sur notre territoire" et la création d'un centre de renseignement dans les prisons, ou encore "la mise à l'isolement de tous les détenus condamnés pour terrorisme islamique".
Il a par ailleurs dit douter de la "radicalisation rapide" de l'auteur de l'attentat de Nice. "Il m'étonnerait beaucoup qu'un individu totalement isolé puisse louer un véhicule de dix-neuf tonnes, on a vu que c'était très préparé, l'enquête le dira", a-t-il noté, en soulignant que le terroriste avait agi "selon un mode opératoire qui a été très précisément recommandé par Daech".
Tant pis pour l'union nationale
Interrogé sur l'absence d'union nationale, M. Sarkozy a aussi répliqué: "Est-ce que vous croyez vraiment que le souci des Français est de savoir si on va se faire des risettes, des sourires, se tendre la main?", soulignant que les Français veulent de la sécurité, après "sept attentats depuis Charlie et l'Hyper Cacher" en janvier 2015.
Tout en affirmant refuser de "polémiquer" avec l'exécutif, il a trouvé "un peu effrayant" que le président François Hollande "annonce aux Français" dans son allocution du 14 juillet, à la mi-journée "que les choses vont tellement bien que l'état d'urgence est supprimé, pour rétablir l'état d'urgence à minuit".
Dans son camp, on a relevé la posture autoritaire qu'il avait adoptée sur le plateau. "L'autorité d'un vrai chef qui fait tant défaut à la France", a souligné le député et président des Alpes-Maritimes Eric Ciotti.