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Cercle des Libertés Egales
2 novembre 2016

Nicolas Sarkozy: cartes sur table

CARTES SUR TABLE

Les électeurs de la primaire de la droite et du centre espéraient que la campagne électorale soit le temps de la confrontation des idées. C’est le cas. Les questions essentielles sont posées. Les réponses apportées par chacun des candidats permettent d’apprécier ce qui nous rassemble, mais aussi ce qui fait débat.

L’exigence d'unité qui m’anime depuis mon retour dans la vie politique ne doit en aucun cas nous empêcher de clarifier les conditions du choix proposé. Je respecterai scrupuleusement chacune des règles de la primaire, quel que soit le résultat. C’est pourquoi, je suis libre de souligner que, malgré les points de convergence entre Alain Juppé et moi, nous divergeons sur le diagnostic que nous portons sur l’état de la France et sur la manière d’agir dans les cinq prochaines années.

Je ne retrouve pas dans son programme la volonté de changement que l’on perçoit dans les projets des autres candidats, chacun à leur manière. Pour rassembler le plus grand nombre de Français, il nous faut une ligne politique claire, en rupture franche et complète avec les socialistes et tout ce qu'ils incarnent depuis bientôt cinq ans.

Tout n'a pas été parfait entre 2007 et 2012. Empruntant la formule de Nelson Mandela, j'ai dit qu'en 2007 j'avais gagné et qu'en 2012 j'avais appris. J'ai l'expérience des crises internationales. J’ai en mémoire combien il faut, dans ces situations, ne pas avoir la main qui tremble. Je sais depuis la réforme des retraites, celle des universités ou du service minimum qu'on peut réformer sans blocages ni violences.

On a critiqué « l'hyper Président ». A l’inverse, je pense que je n'en ai pas toujours fait assez. J'avais dit aux Français que le mensonge et le déni de réalité de François Hollande nous conduiraient à l'échec. Aujourd’hui, notre famille politique est confrontée au même risque.

Alain Juppé, marqué probablement par son expérience des réformes bloquées par la rue en 1995 et par la dissolution, pense qu’il faut se hâter lentement, que la réforme doit être nuancée et  conduite sans modifier le cadre existant. Cette vision est respectable mais je pense que la France a subi depuis 2012 un tel déclassement économique, social et éducatif, que le terrorisme représente une telle menace pour la sécurité des Français, que l’autorité a été si profondément malmenée, que les réformes doivent être au contraire immédiates, profondes, rapides.

Les sujets qui nous font diverger ne manquent pas.

Alain Juppé ne veut pas toucher au paritarisme et au monopole syndical. Je pense qu’ils ont échoué et empêcheront tout véritable projet de réforme. Il explique qu’il ne faudra réformer l’assurance-chômage que si « les circonstances le permettent ». Je pense qu’il faut avoir le courage de dire aux Français que le système actuel est intenable et cesser d’évoquer « des circonstances » qui justifieront de reculer sur bien d’autres sujets le moment venu.

Ce sont d’ailleurs ces mêmes « circonstances » qui le conduisent à renoncer à baisser les impôts, et au contraire à prévoir une hausse de la TVA. Je refuse d’expliquer aux Français que l’alternance consistera à conserver le fardeau fiscal hérité des cinq années de la Présidence de François Hollande et, en prime, à en ajouter un étage pour les classes populaires et moyennes.

En matière de lutte contre le terrorisme, il ne veut pas modifier la Constitution pour placer en rétention administrative les individus fichés « S » les plus dangereux. La protection des Français l’impose pourtant. Il faut cesser de se réfugier derrière une étrange conception de l’état de droit, qui ne devrait jamais être modifié, même quand il mérite d’être adapté.

Nous avons trop subi la fameuse « gestion du temps » de François Hollande pour une nouvelle fois y céder.

Je veux que le Parlement vote, sous trois mois, quatre textes majeurs : le premier baissant les impôts de 40 milliards d’euros, le second permettant de réaliser 100 milliards d’euros d’économies pour les financer et renouer avec l’équilibre budgétaire à la fin du quinquennat, le troisième pour réformer le droit du travail, et le quatrième pour réarmer notre politique pénale.

Aller vite et loin, plutôt que de choisir la voie des petites touches, est à mon sens le seul moyen d’éviter que la société ne se lézarde davantage et que ses divisions n’atteignent un point de non-retour.

Derrière les divergences sur la méthode se cachent des différences de fond. Je ne crois nullement à l’identité heureuse, aux accommodements raisonnables, à l’auto-conviction par excès d’optimisme.

Je ne veux pas minimiser les ravages du communautarisme, parce que je sais les conséquences qu’emportent des communautés qui ne croient qu’en elles-mêmes, et plus en la République.

Je refuse la naïveté. Je conteste le laisser-aller sur le voile à l’université, qui augurera d’autres reculs devant un Islam politique et radical, chacun détruisant chaque jour davantage l’égalité de l’homme et de la femme. Je n’accepte pas qu’on minimise la question migratoire et qu’on ferme les yeux sur la réalité démographique, alors que le continent Africain verra sa population doubler dans les 30 ans qui viennent, avec les conséquences qu’on imagine sur les flux d’entrées sur le territoire européen. Notre désaccord sur la suspension du regroupement familial ou sur la mise en place d’un Schengen 2, illustre là encore notre divergence sur le diagnostic : je pense que la France n’a plus le temps pour les demi-mesures.

Reste un dernier sujet, qui au fond synthétise tous les autres : notre position respective vis-à-vis de François Bayrou.

La violence verbale de ce dernier à mon égard m'est indifférente. Elle porte la même marque que celle d’une certaine gauche qui m’a habitué à ce registre depuis tant d'années. Alain Juppé souhaite en faire son compagnon d’alternance, en négociant avec lui une centaine de circonscriptions. Je pense qu’on ne peut pas sortir du socialisme en confiant les clés de la future majorité à celui qui nous y a fait entrer, en votant pour François Hollande en 2012.

Comment laisser penser qu’on portera un projet de réformes réelles avec quelqu’un qui a voté contre la réforme des retraites en 2010, qui est favorable au droit de vote pour les étrangers ou encore à une nouvelle tranche d’impôt à 50 % ? Dans un moment de notre histoire où l'autorité de l’Etat est à ce point contestée, où les ravages de la délinquance exigent le retour à une fermeté implacable, nous ne pouvons prendre le risque de céder devant ceux qui se montrent si souvent plus sensibles aux principes de la bien-pensance qu’à l'urgence d’action exigée par les Français.

On ne peut accepter ces alliances négociées secrètement, parce que ce sont les Français qui en paieront le prix. La gauche a trahi ses électeurs. La droite et le centre ne doivent pas trahir les leurs.

La France est gravement menacée. Son avenir est en cause. Il faut la remettre en mouvement, la projeter vers son avenir, ne pas la laisser s'enfoncer dans un immobilisme destructeur.

Il faut agir, il faut réformer, il faut avancer autour de quelques chantiers majeurs, que nous mettrons en œuvre avec persévérance et fermeté. La France a besoin d'ordre et de mouvement. Telles sont les conditions de l'alternance franche, la seule à mes yeux qui peut permettre de redonner confiance au peuple français. La France mérite que toutes les cartes soient désormais mises sur la table.

Nicolas Sarkozy

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