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Cercle des Libertés Egales
14 novembre 2016

Fillon: Juppé trop modéré pour changer la donne.

 En progression dans les sondages à une semaine du premier tour de la primaire de la droite te du centre, François Fillon, tout sourire, est convaincu d’être la surprise : "Désolé, mais les Français sont en train de bousculer les scénarios."

                       

 

François Fillon est persuadé de sa présence au second tour de la primaire de la droite Crédits : Eric Dessons/JDD

Que vous inspire l'élection de Donald Trump?

De l'intérêt et du sang-froid. Les responsables français essaient tous de tirer profit de cette élection. On vous dit que M. Trump a gagné parce que les classes populaires ont voté pour lui ; ce n'est pas vrai, son électorat est plus large. Sans parler des politiques qui découvrent qu'il faut écouter le peuple. Ils ont raison mais lequel? Plus de la moitié des Américains ont, je le rappelle, voté pour Mme Clinton. Mme Le Pen prétend que c'est la victoire de ses idées. M. Trump a certes un langage baroque mais il est l'élu du Parti républicain, qui n'a rien d'extrême droite. J'ajoute que M. Trump est l'un des symboles du capitalisme américain que le FN abhorre.

Cela en fait-il un personnage fréquentable?

En politique étrangère, on fait avec les États et on juge sur les actes. Évidemment, sa personnalité est déroutante mais on a eu par le passé un cas un peu similaire : Silvio Berlusconi. Il n'y a pas eu de catastrophe. D'ailleurs la politique américaine a produit pas mal d'erreurs avant M. Trump : ce n'est pas lui qui a envahi l'Irak ; pas lui qui a installé des systèmes antimissiles à la frontière russe, suscitant une nouvelle "guerre froide". La question est de savoir si M. Trump va aggraver la situation ou pas. Il faut faire de son élection une occasion de relancer l'objectif d'une alliance de défense européenne et de renforcer la lutte contre cette ingérence insupportable de l'administration et de la justice américaines sur les entreprises européennes. De même sur l'élargissement de l'alliance antiterroriste : au lieu d'attendre de savoir ce que M. Trump va faire, que la France prenne des initiatives! M. Trump a annoncé qu'il voulait changer de politique vis-à-vis de la Russie… Prenons-le au mot et agissons. 

Ça vous fait plutôt plaisir, ça?

Je serais fâché pour la France que M. Trump et M. Poutine se serrent la main par-dessus nos têtes. Il ne faudrait pas que nous soyons les dindons de la farce.

Trump a mené campagne en faisant un bras d'honneur au "système". Une leçon pour nous Français?

Le peuple a envie d'envoyer balader tout système qui refuse de se remettre en cause. Il y a une demande d'efficacité et d'honnêteté. Quand j'ai dit que "personne n'imaginerait de Gaulle mis en examen", la réaction n'a pas été de s'interroger sur un éventuel problème de moralité dans notre système. Non, la réaction a été : "Fillon, qu'est-ce qui lui prend? Ce n'est pas correct!" Comme si la vérité était plus coupable que le silence.

Cela vous réjouit-il de voir que l'élection américaine a désavoué les sondeurs?

Je l'ai toujours dit : les sondages d'intentions de vote à la primaire ne valent pas tripette. Il existe un vote caché, libre. Cela doit servir de leçon et conduire les commentateurs à éviter de dire qu'il n'y a que deux candidats à la primaire de la droite et du centre ; à ne pas considérer que, quoi qu'il arrive, Mme Le Pen sera au second tour de la présidentielle… Il y a peu encore, on ne voyait pour la primaire que deux têtes dans les médias! Désolé, mais les Français sont en train de bousculer les scénarios. Ils sentent la sincérité et la cohérence de mon projet pour redresser la France. Je trace mon sillon, je continue d'accélérer.

De quand datez-vous le changement?

Du premier débat télévisé. Jusque-là, dès que j'arrivais quelque part en province, un journaliste me tendait son micro avec compassion : "Vous y croyez encore?" [Rires.] Aujourd'hui, on me demande jusqu'où ma campagne peut aller.

Jean-Pierre Raffarin et François Baroin affirment que la victoire de Trump montre que Marine Le Pen peut gagner en France. Dire cela, c'est faux, et ce n'est pas responsable. 

François Hollande doit-il renoncer à se présenter? Depuis le livre [Un président ne devrait pas dire ça, de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, éd. Stock], il est disqualifié. Si j'étais à sa place, je ne me représenterais pas. 

Le groupe LR a lancé une procédure de destitution contre lui. En tant que député, la signerez-vous? Cette procédure est symbolique. La vraie destitution, c'est le peuple qui la prononcera très bientôt. Mais je considère que François Hollande a commis une faute grave. Je ne vais pas l'en exonérer en refusant de signer cette procédure. [Il s'interrompt, apostrophe le photographe du JDD : "Il est bien le X-T2?", s'empare de l'appareil et prend quelques photos.]

LIRE AUSSI : Quand Fillon emprunte l'appareil photo du JDD

Le 13 novembre 2015, Paris et Saint-Denis étaient frappés par le terrorisme. Depuis un an, la France a-t-elle changé?

La France est en guerre et les dirigeants politiques n'ont hélas pas vraiment pris conscience de la gravité du danger que représente la montée d'un totalitarisme islamique. Au lieu de parler du fond du problème, certains perdent leur sérieux en parlant de frites et de jambon. 

Encore une attaque contre Sarkozy!

Je ne m'attaque à personne, mais je ne veux pas que cette primaire se résume à des postures ou à un duel contre-productif : les uns votant Juppé pour ne pas avoir Sarkozy et les autres Sarkozy pour ne pas avoir Bayrou. Où est la France dans tout ça? Le vote Fillon est plus clair et plus utile. [Sourire.]

 

François Fillon est certain d'être au second tour (Eric Dessons/JDD)

Vous avez du mal à vous en prendre à Alain Juppé…

Son programme provoquerait une grande déception parce qu'il est trop modéré pour changer la donne. Au nom du consensus, il laisse entendre qu'il peut encore être modifié, amendé avec les centristes, et pourquoi pas avec la gauche au lendemain d'un second tour face à l'extrême droite. Moi, je ne négocierai pas. Il s'agit de relever le pays en urgence par une transformation économique et sociale.

Bruno Le Maire, lui, assure que la "déception" a eu lieu après 2012…

Ses attaques ne sont pas tout à fait au niveau… Il faut qu'il se demande pourquoi il était au gouvernement si tout était, comme il le dit, décevant. 

Si vous êtes élu à la primaire, discuterez-vous avec François Bayrou?

Discussion mais pas d'arrangements. Nous avons des points communs, notamment sur la question de la dette. Mais je ne vois pas comment amender mon projet sans le dénaturer, et je ne veux pas le dénaturer parce que je veux obtenir des résultats.

Vous avez accepté de participer à l'émission de Karine Le Marchand sur M6, alors que jusque-là, vous aviez toujours refusé de vous dévoiler…

Tout arrive. J'ai eu des échos positifs. Le problème avec cette émission, c'est que ma fille, qui est mariée et qui a deux enfants, a reçu un paquet de demandes en mariage! [Rires.] 

Vous disiez il y a quelques mois qu'en cas de défaite, vous arrêteriez la politique. Vous le dites toujours?

Je suis candidat à la présidence de la République, pas à un autre poste.

Le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, était assis au premier rang de votre meeting à Lille, jeudi soir. Va-t-il vous soutenir? Nous avons parlé plusieurs fois ces dernières semaines. J'ai compris qu'il hésitait entre M. Juppé et moi.

Si vous êtes au second tour, appellerez-vous votre amie Valérie Pécresse, qui a rallié Juppé, pour lui dire : "Je te l'avais bien dit"?

Je n'ai pas compris son choix. Il m'a déçu. 

Si vous n'êtes pas au second tour, vous serez sans doute un faiseur de roi. Prendrez-vous parti?

Je serai au second tour. 

Est-il possible de soutenir Sarkozy après avoir dit tant de mal de lui?

Je serai au second tour.

Anna Cabana et Christine Ollivier - Le Journal du Dimanche

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