Lire Zemmour et Houellebecq à la lumière des 7 et 9 janvier 2015
Par Gilles Norroy
Je viens de terminer de lire le Suicide Français d’Eric Zemmour et Soumission d’Houellebecq.
Ce dernier livre se lit d’une traite, le deuxième demande plus d’assiduité.
L’un et l’autre nous disent à peu prés la même chose, mais de manière différente : la lâcheté mène à la catastrophe.
L’un et l’autre nous parlent du même sujet, la montée de l’islamisme dans la société française.
Ils sont tous les deux prophétiques d’une réalité que les attentats meurtriers des 7 et 9 janvier ont mis sur le devant de la scène : la guerre déclarée à la France et plus globalement au monde civilisé par l’islamisme radical.
Tous deux ont du talent.
Eric Zemmour a celui du polémiste, sa plume acérée cherche la bagarre, quitte à forcer le trait, à simplifier le sujet. Rien ne le rend plus heureux que de voir retourner l'argument comme le faisait son compère et contradicteur Nicolas Domenach à i-télé avant que la censure du politiquement « Korrect » ne l’en écarte.
Houellebecq est un grand écrivain, il a aussi une plume féroce. La description de François Bayrou en Justin Bridoux, puis en Hanswurst, le Jean la Saucisse, qui répète tout ce que disent les gens plus importants que lui, devenu Premier Ministre d’un Président Islamiste, est criante de vraisemblance.
Le portrait de cuistres universitaires vénaux et imbéciles est tout aussi jubilatoire.
On en retrouve le pendant chez Zemmour dans le costume taillé au suffisant et avaricieux ancien président de Renault, Jean-Louis Schweitzer.
L’un et l’autre sont des pessimistes, cela me va bien depuis que Deproge m’a fait découvrir que l’optimisme est l’opium des cons.
Il y a chez Houellebecq un naturalisme, une lucidité sur la condition amoureuse et la masculinité, qui rappelle le Céline du Voyage au bout de la nuit ou le Flaubert de Madame Bovary remplaçant les vomissements de cette dernière par des descriptions sexuelles.
Il mélange les genres passant de scènes intimistes à la réflexion politique, philosophique, historique, religieuse et même économique.
On retrouve chez Zemmour ce même mélange des genres quand il navigue entre Napoléon et le Général de Gaulle, pour revenir à l’histoire politique de nos trente dernières années.
L’un et l’autre nous font réagir différemment devant une même réalité qui est la subversion de notre civilisation : Zemmour nous fait peur, Houellebecq nous fait rire, jaune, il est vrai.
Ils me rappellent ce que Jean-Paul Sartre disait de l’écrivain dans « qu'est ce que la littérature ? » : « l’écrivain doit s’ancrer dans l’histoire. Sa fonction est de dévoiler le réalité, d’appeler un chat un chat ».
Eric Zemmour et Michel Houellebecq vont affronter les Fatwas médiatiques qui ont été lancées contre eux.
Le premier a essuyé les premiers tirs, nombre de ses contempteurs n’ayant pas pris le peine de le lire d’ailleurs, se contentant de répéter ce que les chefs bien pensants disent.
La concomitance de la sortie du livre d’ Houellebecq avec l’attentat contre Charlie Hebdo lui a épargné les orgues de Staline de la sphère médiatique et des ses commis.
Ce n’est qu’une question de timing.
Ces deux auteurs ne sont pas à prendre au premier degré.
Leurs titres provocateurs nous invitent à faire l’inverse de ce qu’ils prophétisent : le Suicide Français nous donne envie de vivre pleinement la liberté si chèrement acquise par notre peuple, la Soumission nous pousse à la révolte.
La guerre contre le terrorisme ne nous laisse pas le choix des armes.
Il y a la poudre pour les vaincre militairement. et la pensée libre pour les tuer intellectuellement.
Prenons des forces dans Zemmour et Houellebecq pour mener ce combat.
Gilles Norroy