Quinze jours dramatiques...Qui en sort gagnant?

Les 15 jours dramatiques et émouvants que nous venons de vivre ont eu des conséquences notamment pour l’évolution de la popularité des politiques.

Devant l’épreuve, les Français ont eu un réflexe de rassemblement et d’union, dont a bénéficié l’ensemble de la classe politique, même si, selon la place occupée et le rôle joué par chacun, le progrès en termes d’opinion a été plus ou moins important et sera vraisemblablement plus ou moins durable.

Qui en a tiré bénéfice dans la majorité ?

Le Président Hollande, bien sûr, dont l’attitude dans cette crise a été abondamment saluée. Le sentiment qu’Il a été, dans ces circonstances, à la hauteur de sa fonction s’est trouvé largement répandu. Sa présence continuelle sur les écrans, sa parole indéfiniment répétée (au risque de lasser ?) son appel bienvenu et entendu à l’Unité Nationale, que les Français souhaitaient, son attitude correcte vis-à-vis de son prédécesseur, ses « beaux » discours « compassionnels », ont été appréciés.

Pourtant sa progression dans les premiers sondages Sofres Figaro Magazine ou Odoxa Le Parisien reste modérée, sans doute parce que, en ne citant pas l’islamisme comme responsable et comme ennemi dans la guerre (mot qu’il n’utilise pas) qui nous est faite, il n’est pas apparu suffisamment clair et totalement déterminé.

Aussi il est peu probable que cette amélioration de son image, basée sur le sentiment plus que sur la raison (confirmée par l’enquête IFOP Paris-Match) résiste très longtemps aux médiocres résultats économiques qui reviendront sans tarder à la pointe de l’actualité.

Reste que l’opposition dans son camp devrait s’amoindrir, et que sa « stature » présidentielle étant affirmée, sa candidature en 2017 paraît de plus en plus naturelle.

C’est le Premier ministre qui recueille les fruits de la fermeté. Ses interventions moins nombreuses mais plus fortes que celles du Président, son ton net pour condamner l’islamisme radical et le désigner comme « l’ennemi », lui attirent le maximum de soutiens. Et ces soutiens basés sur du concret et du « ferme » seront sans doute plus durables que les soutiens « sentimentaux » de François Hollande.

Toutefois, ils ne remettront pas en cause sa situation de « second » du Président.

Et puis, mais c’est plus anecdotique, Bernard Cazeneuve, qui a bénéficié d’une large exposition et des résultats obtenus par les forces de l’ordre dans la traque et l’élimination des assassins islamistes, progresse fortement.

Qu’en est-il de l’opposition ?

Marine le Pen ne bénéficie pas autant qu’on aurait pu croire de la tragédie que nous avons vécue. Son extrémisme, ses critiques toujours aussi brutales des responsables et des autres forces politiques dans cette ambiance d’Union, sa situation, mal assumée et mal expliquée, en dehors de l’Unité Nationale, l’ont fait apparaître comme décalée, « à côté de la plaque », hors-jeu.

Cette période ne lui aura pas été bénéfique et ce « trou d’air » risque de durer, au moment où l’UMP, sous la présidence de Nicolas Sarkozy paraît bénéficier de vents plus favorables.

Car Nicolas Sarkozy est aussi un de ceux qui tirent un bénéfice politique de cette dramatique période, même si, moins exposé médiatiquement et hors de l’action, ses progrès dans les sondages se trouvent tout naturellement être inférieurs à ceux des deux têtes de l’exécutif.

Pourtant la place particulière que lui a attribuée son successeur, le rôle éminent qu’il lui a permis de jouer, la dignité et la force de ses quelques interventions, en ont fait le seul représentant audible et visible de l’opposition.

Surtout, cette période, succédant à un mois assez réussi de présidence de l’UMP (après une campagne maladroite), lui permet de progresser vers les deux seuls objectifs qui sont aujourd’hui les siens : changer d’image (en effaçant les boulets du « Karcher », du « pov con » du « Fouquets »… etc …) et creuser l’écart avec Alain Juppé dans l’opinion des électeurs de droite et du centre…Il semble qu’il soit bien engagé sur ces deux chemins et que ses progrès, s’inscrivant dans un mouvement de fond, soient relativement solides et durables.

Personne d’autre à droite ou au centre ne peut être cité comme ayant vraiment tiré partie de cette séquence.

Si l’on regarde les conséquences de ces 15 jours, dans la perspective de la future élection présidentielle (et tout aujourd’hui est regardé de cette manière), il est clair qu’elles renforcent encore les probabilités de candidature de François Hollande , Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy …

Les positions respectives de ces trois principaux candidats n’ont pas fondamentalement changé avec pourtant une légère progression de Hollande et Sarkozy et un relatif affaiblissement de Marine Le Pen.

Marc d’Héré

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