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Cercle des Libertés Egales
17 mars 2015

Sarkozy: je sens une exaspération

 

Nicolas Sarkozy : « Je sens une exaspération »       

Nicolas Sarkozy : « Je sens une exaspération »

Interview publiée dans Nice Matin le 17 mars 2015


Nicolas Sarkozy, vous avez estimé vendredi sur France Info que l’'enjeu des élections départementales était « extrêmement important ». Pourquoi ?
Trente-six millions d'’électeurs appelés aux urnes, cela ne peut pas ne pas avoir une signification politique. Tous ceux qui sont mécontents de la politique du gouvernement, et ils sont si nombreux dans votre région, tous ceux qui considèrent que la situation empire depuis trois ans, ont l'’occasion de manifester très clairement leur mécontentement. À tous ceux-là je veux dire que l'’alternance est possible. Si on veut le changement, il faut voter pour les candidats de l’'UMP. Si on ne le veut pas, il faut voter socialiste ou FN. Voter FN au premier tour, c’'est le contraire du changement.

Quel est votre état d’'esprit à quelques jours du premier tour : plutôt confiant, plutôt prudent ?
J'’ai l'’état d’'esprit de m'’engager dans la campagne aux côtés des candidats. Je ne fais aucun pronostic. Ce sont les Français et eux seuls qui choisiront. C’'est eux qui ont dans leurs mains, dans leur vote, la possibilité du changement.

Sur le terrain, que ressentez-vous ?
Je ressens une colère, une exaspération, du désespoir. Et cette colère, elle vient d’'où ? Elle vient du mensonge. Tout, dans ce qui se passe depuis trois ans, a été construit sur un mensonge. François Hollande a menti à ses amis, aux électeurs. C'’est cette colère que je sens, la colère des commerçants, des artisans, des médecins, des fonctionnaires....

Les Français n'’en peuvent plus des impôts. Peuvent-ils être assurés, s'’ils élisent des présidents de conseils départementaux UMP, que ceux-ci auront une gestion économe ?
Tous nos candidats ont pris un engagement : celui de réduire les dépenses. Cet engagement se traduit notamment par l’'obligation de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

L'’abstention est-elle un risque pour cette élection ? Un risque accentué par le fait qu'’on ne connaît pas encore précisément les compétences des conseillers départementaux...
Avez-vous déjà vu, dans l’'histoire de la République, une élection pour laquelle on ne connaît pas les compétences des élus pour lesquels on va voter ? C’est inouï. C’'est d'’un amateurisme jamais égalé.
Q

uel est votre regard sur la gestion des conseils généraux dans les départements des Alpes-Maritimes et du Var ?
Vous savez l’'amitié que je porte à des personnalités aussi emblématiques qu'’Eric Ciotti, Hubert Falco et Christian Estrosi. Je les soutiens sans réserve. C'’est une région que je connais et que j’'aime.

Dans les Alpes-Maritimes, Eric Ciotti a engagé une lutte contre la fraude sociale, et notamment la fraude au RSA. A-t-il raison ?
C'’est grâce à l’'action d'’Eric Ciotti que j’'ai inscrit le deuxième engagement prioritaire de nos candidats qui concerne la lutte contre toute forme d'’assistanat et l’'obligation pour tout allocataire du RSA de s'’engager à exercer une activité au service de la collectivité.

Concernant les artisans et les commerçants, la grogne monte autour du Régime social des indépendants (RSI)...
En cas d’'alternance, je demanderai que soit remis à plat le système du RSI qui a été construit en dépit du bon sens, qui ne fonctionne pas et qui asphyxie les commerçants, les artisans et les professions indépendantes. L’'idée d’'un régime unique était bonne, mais la réalisation a été catastrophique.

C’'est aussi pour cela que vous avez émis des réserves sur le statut d’'autoentrepreneur ?
Ce statut, je l'’ai voulu et je l'’ai fait. 50 % des entreprises se créent sous ce statut. C'’est une excellente chose, et il faut évidemment le garder. Mais je dois regarder les contestations que cela suscite de la part des commerçants et des artisans, notamment dans le domaine du Bâtiment. Pour moi, les choses sont claires : il faut d’'un côté garder le statut de l'’auto-entrepreneur et, de l'’autre, que toutes les entreprises qui ne sont pas sous ce statut bénéficient de plus de souplesse, et donc aient moins de charges et moins de règles contraignantes. Je ne veux pas durcir l'’autoentreprenariat, mais au contraire faciliter la vie de toutes les autres entreprises.

Marine Le Pen a qualifié ce lundi matin de « complètement stupide » votre analyse « voter FN c'’est voter pour un conseiller départemental PS de plus ». Que lui répondez-vous ?
Ce n'’est pas une analyse, c'’est un fait. Depuis 1981, la gauche instrumentalise le vote Front national. Il suffit d’'entendre les énervements successifs de M. Valls pour comprendre que ça continue. Lorsque Mme Le Pen a eu à choisir entre M. Hollande et moi, elle a choisi d’aider M. Hollande. Elle est complice de la situation. Lorsque vous votez pour un candidat du FN, à l’'arrivée vous aurez un élu du PS. Regardez la législative dans le Doubs, c’'est lumineux ! Qui peut penser que Mme Le Pen incarne l'’alternance ? Elle incarne une colère, elle surfe sur une souffrance, elle ne construit rien. Regardez le programme économique de Mme Le Pen. Qui propose un SMIC à 1 500 euros alors que les commerçants, artisans et professions libérales trouvent que les charges sont trop lourdes ? Mme Le Pen et M. Mélenchon. Qui propose de revenir à la retraite à 60 ans ? Mme Le Pen et M. Mélenchon. Qui propose de sortir de l'’euro ? Mme Le Pen et M. Mélenchon.

Pourtant un récent sondage indique que la moitié des sympathisants UMP est favorable à des alliances locales avec le FN...
Le vote des électeurs est libre. Pendant deux ans et demi, ma famille politique a donné le spectacle de la division et Mme Le Pen s'’est installée dans un monopole de l’'opposition à M. Hollande. Cette période est heureusement révolue.

Que dites-vous à cette partie du peuple de droite qui désespère et qui est tentée par le vote FN ?
Je leur dis : réfléchissez ! C'’est nous qui pouvons faire changer les choses. Si vous voulez que ça continue, votez socialiste ou votez FN !

Cette colère d'’une partie de vos électeurs n'’est-ce pas aussi le reflet d’'un mécontentement après votre quinquennat ?
Il y avait sans doute un mécontentement. Mais je vous rappelle quand même qu’'au premier tour de 2012, Mme Le Pen était 10 points derrière moi et que, quand j’'étais président de la République, le FN était à moins de 10 % aux Européennes. Il y a certainement des chantiers où j’'aurais dû aller plus loin. Mais je constate que lorsque la gauche est au pouvoir, le Front national monte.

Comment reprendre la main ?
D'’abord en garantissant l’'unité de ma famille politique. La division à la tête de l’'UMP était choquante parce qu’elle faisait fi de la souffrance de la France. Il faut ensuite commencer à travailler en proposant de nouvelles idées. Ce que nous allons faire, pas plus tard que ce mercredi, avec une nouvelle politique du logement. Il faut également s'’opposer. Parce que si la droite propose les mêmes idées que la gauche, ça ouvre un boulevard au Front national. Il faut arrêter d'’avoir peur de son ombre, d'’être obnubilé par la pensée unique et proposer un programme qui corresponde à la volonté des Français. Si on fait ça, je ne doute pas une minute que des électeurs exaspérés verront leur colère s'’apaiser et leur espérance dans l'’alternance de nouveau en place. C’'est pour cela que je suis revenu.

Si, entre les deux tours, des candidats UMP étaient tentés par des alliances avec le FN...
Ils ne seraient plus membres de l'’UMP.

À Nice, Christian Estrosi s’'est montré très offensif, ces dernières semaines, dans la critique du FN. Cet activisme est-il une bonne méthode ou n’'en fait-il pas trop ?
Christian Estrosi a eu raison de mener ce combat. Si le maire de Nice n'’explique pas à quel point c’'est une erreur de voter pour le Front national, qui le fera ? Il a été courageux, je suis derrière lui.

 

Christian Estrosi a notamment mis l’'accent sur la présence de candidats « identitaires » sur les listes FN. Des candidats xénophobes ou antisémites sont présents sur certaines listes en France. Marginal comme le dit Marine Le Pen ou révélateur ?
C'’est révélateur d’'une volonté de récupérer tout ce qu’'on peut dans une stratégie d'’outrance. Il ne s'’agit pas de construire mais de détruire.

On parlait de Christian Estrosi. Manuel Valls est monté également à plusieurs reprises au créneau contre le FN ces dernières semaines...
Ne les mettez pas sur le même plan ! L'’un le fait avec de la solidité et de l'’expérience, l’'autre en étant en permanence au bord de la crise de nerfs.

Manuel Valls parle d’'ailleurs de « peur du FN »...
Quand le capitaine du navire dans lequel vous vous trouvez parle de peur ce n’'est pas rassurant pour les passagers que nous sommes.

François Hollande a indiqué qu'’il ne changera ni de politique, ni de Premier ministre après les départementales. Votre sentiment ?
Je trouve bien imprudent quand un Président dit à 36 millions d'’électeurs potentiels : ‘‘Quoi que vous fassiez, je n’'en tiendrai aucun compte”. Je ne l’'aurais pas fait à sa place. Ces déclarations me paraissent étranges, elles nient le principe de la démocratie qui est d’écouter les électeurs, je pense que les Français apprécieront.

Que faire pour réduire le chômage, le principal grief fait à Hollande ?
Le principal grief qui lui est fait n'’est pas le chômage, mais le mensonge. Il faut mener une autre politique économique qui passe par la baisse des dépenses et des impôts.

Les mesures de Manuel Valls pour lutter contre le « sentiment d'’abandon » ?
Je croyais que les socialistes étaient au pouvoir depuis trois ans... Et Manuel Valls nous explique ce qu'’il va faire et qu’'il n’a pas fait jusqu’'à présent.

La volonté de François Hollande de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim est, dites-vous, dictée par le seul souhait de plaire aux Écologistes...
Fessenheim rapporte à EDF 350 millions par an. A-t-on les moyens de se priver de cela ? Cette centrale produit aussi 70 % de l’'électricité de l’'Alsace. Si vous étiez un ouvrier de Fessenheim, que penseriez vous des agitations de M. Hollande pour gagner les voix de Mme Joly et de M. Mamère ? Doit'on vraiment dépenser 5 milliards d’euros pour financer la fermeture de Fessenheim, dans un pays qui a 6 millions de chômeurs ? C'’est une folie et nous la dénonçons.

 

Beaucoup d'’observateurs estiment qu'’à force de vouloir incarner la retenue et la sagesse, vous en avez un peu perdu votre âme ?
Pendant deux ans et demi, ma famille politique a été divisée. J'’ai trouvé un parti en proie à une fragilité. Mon devoir et de le rassembler et de le réconforter. J’'y mets toute mon énergie, tout mon tempérament, toutes mes convictions. Pour le reste, je ne suis ni sourd ni aveugle, mais nous en sommes au temps du collectif. Ne doutez pas de ma détermination !

Quatre mois après votre arrivée, qu’'est-ce qui a déjà changé à l’'UMP ?
Nous ne connaissons plus de déclarations insensées des uns contre les autres. Nous sommes au coeœur de l'’opposition, nous portons des idées nouvelles. La route est encore longue, mais je n’'ai aucune intention de m'’arrêter.

Le nouveau nom de l'’UMP pourrait être Les Républicains. C’'est un peu fourre-tout, non ?
C'’est votre droit d’'avoir ce sentiment, mais j’'écoute les propositions avec intérêt. Ceci étant, je prends les échéances les unes après les autres, je m’'occupe pour l'’instant des départementales, puis du nouveau parti, et après, je m’'occuperai des régionales.

Concernant les élections régionales en Paca, où l'’enjeu sera crucial face à Jean-Marie Le Pen, quel serait pour vous le meilleur candidat de l’'UMP ? Les noms de Christian Estrosi et Eric Ciotti reviennent avec insistance...
Ce sont deux personnalités dont l’'envergure n’'est plus à démontrer. Ils n'’ont besoin de personne pour s’'entendre et leur choix sera le mien. Il faut qu’'ils se mettent d’'accord entre eux, mais les maires de Toulon et Marseille ont aussi leur mot à dire.


Propos recueillis par Denis Carreaux, Eric Néri et Thierry Prudhon

 

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