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Cercle des Libertés Egales
14 août 2015

Nicolas Sarkozy dans Valeurs Actuelles...

Au cœur de l’été, les confidences de l’ancien chef de l’État : son bilan, ses regrets, son diagnostic sur l’exaspération des Français, la reconquête des électeurs partis au Front national…et, bien sûr, 2017.

Il y a un an, avant d’annoncer votre candidature à la présidence de l’UMP, vous disiez à Valeurs actuelles concevoir votre retour par « devoir » et non par « envie ». Quel bilan tirez-vous de l’année écoulée ?

J’ai respecté les engagements que j’avais pris il y a près d’un an, lorsque je suis revenu dans la vie politique. J’avais identifié les problèmes de l’opposition, d’abord sa profonde division, qui la rendait inaudible et menaçait de laisser au Front national la place de premier opposant à la politique de François Hollande. J’avais fixé comme premier objectif de ramener la paix dans ma famille politique. C’était pour moi une priorité, car si l’unité ne fait pas tout, sans unité, on ne fait rien. Et il y avait quelque chose de profondément choquant à constater la souffrance, l’angoisse, la colère française, et à voir en même temps l’opposition républicaine se déchirer au lieu de s’opposer et de construire l’alternance. Je me suis présenté à l’élection pour la présidence de ma famille politique, j’ai fait campagne en étant un candidat comme les autres, opposé à Bruno Le Maire et à Hervé Mariton, et cette campagne a été calme, apaisée, n’a donné lieu à aucune fracture. Hommage soit rendu à mes deux concurrents de l’époque. J’ai été élu avec 65% des voix dès le premier tour. Et depuis cette date, j’ai veillé à mettre en œuvre scrupuleusement mes engagements.

 

Vous considérez donc ce retour réussi ?

J’avais dit qu’il fallait changer le fonctionnement de notre formation politique, je crois avoir utilisé l’expression « de fond en comble ». J’avais annoncé que je changerais les statuts, le nom, l’équipe, et c’est ce qui a été fait. Après en avoir débattu entre nous, nous avons choisi le nom les Républicains. Quand je l’ai proposé, j’ai reçu un concert d’attaques, venant de la gauche et entendu quelques doutes dans ma propre famille politique. J’ai demandé aux adhérents de voter, sur le nom et sur les statuts, séparément, et ils ont été validés par respectivement 83% et 96 % de « oui ». Je m’étais engagé également à clarifier définitivement les choses avec l’extrême droite. J’ai indiqué, avant les départementales, qu’il n’y aurait aucun accord, départemental, régional, municipal, national avec le FN. J’avais dit également qu’il ne servirait à rien de faire l’unité entre nous si nous n’étions pas capables de rassembler la droite et le centre. On me décrivait comme quelqu’un qui n’était pas à même de conclure un accord avec les centristes. A l’arrivée, pour les régionales, sur les 17 régions, nous aurons 17 listes uniques Républicains-centristes. J’avais enfin annoncé que nous aurions des primaires pour la présidentielle, et j’ai nommé Thierry Solère à la tête d’un groupe chargé de les organiser. Il a fait un travail remarquable, les primaires se mettent en place, les candidatures seront déposées au plus tard le 9 septembre 2016. Nous aurons un seul candidat pour la présidentielle de 2017. Les Républicains apparaissent aujourd’hui comme la famille forte de la politique française, face à un FN embourbé dans sa guerre familiale, si loin des préoccupations des Français. Quant au PS, personne n’imagine qu’il puisse encore incarner un quelconque espoir pour les Français. Je pourrais ajouter que nous avons gagné les départementales. Si nous les avions perdues, je ne doute pas qu’on m’en aurait attribué la responsabilité...

 

Vous mettez un point d’honneur à rappeler toutes ces promesses tenues. Diriez-vous la même chose de votre quinquennat ?

Je ne dirai jamais que tout a été réussi. Et il nous faudra tirer les leçons de ce qui n'a pas bien fonctionné. Mais j’aimerais qu’on compare le bilan de mon successeur, après 3 années de mandat, et les réformes que nous avions mises en œuvre. L’autonomie des universités, les heures supplémentaires défiscalisées, la réforme des retraites à 62 ans de 2010, la suppression de 150 000 postes de fonctionnaires, les peines planchers pour les délinquants multi-récidivistes, le service minimum dans les transports, la réforme des régimes spéciaux de retraite, la suppression des droits de succession, peut-on sincèrement mettre ces réformes sur un pied d’égalité avec le choc fiscal sans précédent auquel nous assistons depuis 2012, avec l’alourdissement sans précédent des normes et des contraintes, avec le désarmement pénal de la Garde des Sceaux à l’image de la baisse constatée de la population carcérale ces derniers mois ou encore avec le retour aux créations de postes de fonctionnaires, fait aujourd’hui unique en Europe. 

 

Votre bilan sur l’immigration a déçu…

Nous avons conduit une lutte déterminée contre l’immigration clandestine, accéléré les procédures d’expulsion en modifiant la loi, puis obtenu une baisse de l’immigration légale en 2011 et mieux contrôlé l'accès à la nationalité française en renforçant les exigences de maîtrise de la langue française. Face à la crise migratoire à la frontière franco-italienne au printemps 2011, j’avais bloqué toute perspective d’élargissement de la zone Schengen et réclamé une refonte totale de son fonctionnement. Cet effort s'est arrêté en 2012. On constate pourtant quotidiennement les lourdes défaillances du système actuel à Calais ou sur les côtés méditerranéennes. Ce ne sont pas de "quotas" comme le suggère la Commission européenne dont nous avons besoin, mais avant tout d'une véritable politique d'immigration européenne. Il faut donc aller beaucoup plus loin dans tous ces domaines.

 

On entend souvent votre promesse de « passer le kärcher » revenir dans la bouche des déçus…

Sous mon quinquennat, les statistiques de la délinquance étaient publiées tous les mois par un organisme indépendant et ont montré pendant cinq ans une baisse continue. Comme par hasard, depuis trois ans, ces statistiques ont été modifiées et ce n'est évidemment pas pour les rendre plus lisibles. En trois ans, les cambriolages et les violences ont fortement augmenté en zone urbaine qu'en zone rurale. Voilà la vérité des chiffres, à l'image de la politique pénale du gouvernement. J’ajoute que si j’ai été candidat en 2012, c’est parce que je voulais continuer et amplifier mon action dans tous les domaines. Bien sûr, j’ai réfléchi à l’insatisfaction des Français et je peux la comprendre. Elle guidera tout ce que je leur proposerai dans les mois qui viennent. J'ajoute que devant le désastre de la politique de François Hollande, la société française a beaucoup évolué. Il y a davantage de lucidité. On peut dire et plus encore faire aujourd'hui ce qu'il était si difficile de faire admettre il y a tout juste quelques années.

 

Comment trouvez-vous la France de 2015 ?

Jamais je n’ai senti un décalage aussi profond entre ce qui est dit et ce que pensent les Français. C’est vrai pour le chômage, l’immigration, l’insécurité, trois sujets sur lesquels les Français ont le sentiment qu’on ne leur dit pas la vérité. Plus généralement, je crois que les Français considèrent que le pouvoir en place a perdu tout contrôle de la situation et donne le sentiment d’une impuissance généralisée. Le chômage baisse dans la quasi-totalité des pays européens, mais pas en France. Même chose pour les déficits publics. Tous ceux qui veulent créer de la richesse et des emplois, des entrepreneurs aux agriculteurs en passant par les travailleurs indépendants, se battent pour essayer d’être compétitifs alors que des nouvelles normes et des charges supplémentaires leur sont imposées chaque jour. Quant à notre influence en Europe, elle se réduit de jour en jour. Et que dire de l’inquiétude profonde des Français sur nos valeurs et notre identité, que tant de responsables politiques continuent à nier. Le premier clivage dans la classe politique c'est celui du déni de réalité. Je suis de ceux qui pensent que la situation est beaucoup plus grave qu'on ne le dit. 

 

Le fait d’avoir été président de la République, et de porter un bilan, n’est-il pas un handicap pour soulever à nouveau l’espoir ?

La question, aujourd’hui, est celle de la confiance pas de susciter un espoir fictif. Peut-on encore faire confiance, et à qui ? C’est cette question de la confiance qui sera centrale en 2017. La question n’est pas de savoir si on est jeune et neuf ou moins jeune et plus expérimenté, mais de trouver les mots qui permettront aux Français de dire : celui-là pose enfin le bon diagnostic, il a compris les difficultés que nous vivons au quotidien, il est donc capable d’apporter les réponses. Si l’on ne fait pas le bon diagnostic, si l’on n’est pas capable de décrire la réalité dans laquelle vivent les Français, comment apporter la réponse adéquate ? Du parler vrai naîtra la confiance.

 

Quel est votre diagnostic ?

Le monde d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a 50 ans. Pourquoi ? Il y a 50 ans, une dizaine ou une quinzaine de pays se partageaient la croissance mondiale. Maintenant, ils sont 150 à se battre pour profiter de celle-ci, et cela change tout car la concurrence est beaucoup plus rude. Il nous faut donc réinventer, refonder notre système. Je peux prendre des exemples précis : sur l’immigration, nous avons une Afrique qui va passer d'un milliard d’habitants à deux milliards trois-cent millions dans trente ans. Pourrons-nous continuer longtemps à donner des allocations sociales à des personnes en situation irrégulière, alors même que notre système de protection sociale est en déficit ? La réponse est non.  Le fonctionnement de la zone euro comme celui de l’Europe doivent être intégralement repensés car il nous faut décider vite et réagir sans délai. Les années passées sans prendre les décisions qui s'imposent nous mettent tous en danger en Europe. Prenons l’Éducation Nationale, la question centrale est celle de la place des maîtres dans la hiérarchie sociale de la société et de la transmission des savoirs et des disciplines. Combien de temps doivent-ils travailler? Sans doute davantage. Et combien doivent-ils être payés? Sans doute mieux. En matière économique, nous n’atteindrons plus un niveau de croissance élevé et nous ne ferons pas baisser le chômage de manière durable, en restant l’un des pays d’Europe qui a le plus haut niveau de taxes et d'impôts, de dépenses publiques et de normes. Si on regarde tous ces grands dossiers, on s’aperçoit qu’il s’agit de la refondation d’un modèle, le nôtre, qui ne correspond plus au monde d’aujourd’hui. Ne pas voir cela et c'est la certitude de l'échec.

 

La refondation touchera-t-elle le modèle social français, que vous défendiez lorsque vous étiez président ?

Ce modèle social censé protéger est devenu un modèle qui expose les plus fragiles. Regardez le chômage : en moyenne, les 28 pays de l’Europe ont vu leur chômage, entre mai 2012 et mai 2015, diminuer de 10,4 à 9,6%. A l’exception de la France qui est passée de 9,7 à 10,3% dans le même temps. Le pays compte un million quatre-vingt-deux mille chômeurs de plus en trois ans. Si avec ce chiffre-là, on ne se demande pas comment protéger, donner un emploi, dispenser une formation et indemniser, alors la situation ne peut pas s’arranger. Je dois dire ma stupéfaction devant la manipulation invraisemblable sur les chiffres du chômage. En plein cœur de l’été, le gouvernement décide de changer la nomenclature. On supprime 10 000 chômeurs, qu’on déplace dans la catégorie de ceux qui sont considérés comme n’étant pas à la recherche d’un emploi, et François Rebsamen arrive en expliquant que « 1300 chômeurs de plus, c’est la stabilisation » ! Le lendemain, François Hollande dit « si le chômage baisse, je serai candidat ». De qui se moque-t-on ? On prépare une colère et une désespérance sans précédent dans notre pays.

 

Existe-t-il une alternative au sang et aux larmes qu’on prédit régulièrement aux Français ?

Je refuse ce discours, le choix n’est pas entre la dureté et la gentillesse. Avec la plus grande gentillesse, on ne protège pas le pays des épreuves, et avec la plus grande dureté, il est impossible de rassembler. Voilà pourquoi je préfère les termes de vérité et de confiance. Je pense qu’en disant la vérité on crée de la confiance, et qu’avec cette confiance, on permet de croire à nouveau dans une France qui rayonne, et qui a un avenir. Nous ne pouvons rester les bras ballants devant une telle situation.

 

Vous avez récemment reçu au siège des Républicains une de vos anciennes électrices, Madeleine, déçue pendant votre quinquennat, qui vote aujourd’hui pour le Front national. Quel enseignement tirez-vous de cette rencontre ?

J’ai été très touché par cet échange. D’abord, Madeleine est venue me voir, c’est donc que le fil du dialogue n’est pas cassé. Ensuite, elle habite Marseille et m’a dit qu’elle avait « l’impression de vivre dans un ghetto ». Cette femme souffrait, et des millions de Français sont dans son cas. A ces millions de « Madeleine », je veux dire de ne pas suivre la politique du pire. Pourquoi ? Parce que voter Front National au premier tour, c’est faire gagner la gauche au second. C’est donc aboutir au même résultat que la situation actuelle. Au final, c’est donc le statu quo. Ce que j’ai voulu lui dire, comme à tous les électeurs du Front National, c’est ce que l’on a constaté au moment de l’élection législative partielle du Doubs. A tous ceux qui sont tentés par le Front national, je veux rappeler que le programme économique de Marine Le Pen est le même que celui de Monsieur Mélenchon : à voir les conséquences de la politique de Monsieur Tsipras, qu’ils ont tous les deux soutenu, on mesure à quel point la politique de Marine Le Pen ne ferait qu’aggraver profondément leurs souffrances. Au fond, je veux dire aux Français tentés par le Front National que la droite républicaine aura dans les deux ans qui viennent les seules réponses crédibles, sérieuses et efficaces aux problèmes de notre pays.

 

Souhaitez-vous que ces électeurs partis vers le FN votent à la primaire de la droite et du centre ?

Tous les électeurs qui se reconnaissent dans les valeurs de la droite et du centre, et qui souhaitent l’alternance, peuvent participer à cette primaire. Ils sont libres.

 

Vous comprenez la souffrance des électeurs du Front national ?

Je conteste radicalement la politique du Front National, et je suis aujourd’hui probablement le responsable politique qui est le plus régulièrement la cible de Marine Le Pen et de son équipe. Mais je ne ferai pas l’erreur de culpabiliser les électeurs tentés par le Front National. On doit lutter contre le Front National en essayant de convaincre ceux qui veulent voter pour lui, en apportant des solutions à leurs angoisses, et non pas en les méprisant ou en leur donnant des leçons.

 

Le fait d’avoir accepté le principe de la primaire ne risque-t-il pas de brouiller avec la multiplication des candidatures, le message de l’opposition ?

Je reste convaincu que les avantages de la primaire sont bien supérieurs à ses inconvénients. L’inconvénient, s'il n'y prend pas garde, c'est d'être tenté de renoncer aux choix clairs, préférer les compromis médiocres et les petites phrases: c'est le souvenir de la primaire socialiste. La primaire de notre famille politique devra conduire au choix d'une ligne claire et acceptée à son issue par tous.

 

Avez-vous décidé si vous serez candidat à cette primaire ?

Je suis le Président de la famille. Ma responsabilité c'est d'emmener le collectif à la victoire. Le moment des décisions personnelles n'est pas venu. Je rappelle aussi qu’avant la présidentielle, dans deux ans, il y a les élections régionales, dans 4 mois, et la préparation du projet des Républicains. J’appelle chacun à la raison. Avant de nous embarquer dans des stratégies individuelles, nous devons nous mobiliser tous ensemble pour gagner les régionales. Chaque chose en son temps.

 

Quels seront vos défis de l’année à venir ?

Le premier défi, ce sont bien évidemment les élections régionales. La quasi-totalité des régions sont dirigées par la gauche, avec un constat d’échec majeur sur des sujets aussi essentiels que la formation des jeunes et les transports.

Ma deuxième priorité, c’est la rédaction du projet d’alternance. Avec Eric Woerth, chargé du projet, nous commencerons à faire des propositions fortes : sur l’agriculture notamment, pour mettre un terme au déficit de compétitivité de notre système agricole, et aux normes qui se sont abattues sur les agriculteurs en pesant dans les débats européens, mais aussi sur l'économie à l'exemple du code du travail, dont la réforme ne doit pas être un exercice cosmétique, mais relever d'un changement complet de philosophie, ou encore sur l’immigration. D'une manière générale, nous devrons aborder la question centrale de la mise en œuvre des réformes et notamment de ce qui doit être engagé durant la première année du prochain quinquennat. La réflexion sur la mise en œuvre est aussi importante que la réflexion sur le projet lui-même. Je continuerai  enfin à donner une dimension internationale au fonctionnement des Républicains. Je ne pense pas qu’on puisse construire un projet d’alternance digne de ce nom en restant dans les seules limites de l’hexagone. Après être allé en Allemagne, en Espagne, en Israël, au Maroc, en Tunisie, nous irons en Grande-Bretagne, en Inde, en Chine,

 

Croyez-vous la droite capable de tuer l’ « avantage moral » de la gauche sur toutes ces questions sensibles ?

Ce prétendu avantage moral n’est que le paravent de leur inaction, parce qu'ils refusent d'avoir un discours de vérité et de regarder la réalité en face sur la plupart des sujets aujourd'hui. Notre vrai combat  c'est de mettre fin aux dogmatismes. La fiscalité en est un exemple caricatural. En 2012, François Hollande nous a expliqué que taxer les riches étaient la solution. Au final, l'impôt n'a jamais autant augmenté pour tous les Français et dans le même temps la dette de la France a atteint un niveau record.

 

L’affaire Vincent Lambert, qui ravive le débat sur la fin de vie, déchaîne les passions. Vous êtes-vous forgé une conviction ?

C’est une question que j’ai regardé attentivement. M’autorisez-vous à répondre que je n’ai pas de certitudes ? Je trouve d’abord le sort de cet homme dramatique . La violence de ce drame devrait inciter chacun au calme et à la mesure. Ce choc est ensuite en train de faire exploser une famille. Quand je vois cela, je vois des douleurs intenses et ne me permets pas de juger le comportement des uns et des autres. Pour le reste, je crois profondément que la loi Léonetti est une bonne loi, mais selon moi, tout ne se codifie pas, tout ne doit pas être l’objet de la loi, du statut, du règlement. Il doit rester ce que j’appellerai des zones grises, qui appartiennent au secret du malade, de sa famille et du médecin. Et je ne suis pas sûr que ça soit un grand progrès de la civilisation ou d’un État de droit que de vouloir tout normer, tout codifier. Si quelque chose m’arrivait, ou arrivait à un membre de ma famille, j’aimerais qu’on fasse confiance à ceux qui m’aiment à ceux qui m’entourent, et à mes médecins.

 

Lors d’un de vos récents déplacements, vos propos sur la situation géographique de la Tunisie ont provoqués une polémique en Algérie. L’avez-vous comprise ?

J’ai été surpris car rien dans mes propos ne se voulait critique à l’endroit de quiconque, certainement pas de l’Algérie pour qui j’ai, chacun le sait, une profonde amitié. Et très sincèrement, je crois que rien de ce que j’ai dit ne l’était ; ni ne justifiait une polémique, qui s’est d’ailleurs moins nourrie des paroles que j’ai prononcées que de l’interprétation que certains ont cherché – à tort – à leur donner. Je le regrette. J’y vois surtout l’expression de la relation passionnelle entre nos deux pays. Quand il y a des sentiments profonds, des attentes fortes, il y a des réactions vives. Le message que je veux faire passer est simple : tous ces pays mènent un combat contre la barbarie, et il est de notre devoir de les aider et de les soutenir. La Tunisie notamment ne peut pas réussir seule. Si elle perd ce combat, nous le perdons avec elle car Tunis est à 800 kms de Nice. Il s'agit d'une guerre contre la civilisation. C’est donc en Méditerranée, une fois encore, que se jouera l’avenir de notre civilisation. Voilà ce que j’ai voulu dire. Ni plus, ni moins. C’est ce que je pense profondément.

 

Jugez-vous les efforts contre Daech suffisants ?

Lorsqu’on fait la guerre, il faut la faire pour la gagner. Aujourd’hui – et je le regrette –  la coalition d’une vingtaine de pays qui combat contre Daech ne se donne pas tous les moyens de l’emporter. Quelle est sa stratégie ? Il suffit de voir que les avions rentrent sans avoir largué une majorité de leurs bombes, parce qu’il n’y a pas assez d’experts au sol pour les guider et s’assurer d’éviter les bavures. Il en faut davantage. Ensuite, il faut soutenir beaucoup plus qu’on ne le fait aujourd’hui nos alliés sur le terrain, car on ne pourra pas gagner la guerre contre Daech seulement depuis les airs. Il faut nous appuyer – en les renforçant – sur des relais efficaces au sol, comme l’ont été et le sont encore aujourd’hui les combattants kurdes d’Irak par exemple.

 

Propos recueillis par Yves de Kerdrel et Geoffroy Lejeune

 

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