Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cercle des Libertés Egales
18 novembre 2015

Les tentations de François Hollande

 

Philippe Tesson

Lepoint.fr

On ne peut pas être contre le plan de guerre exposé lundi par le président de la République devant le congrès réuni à Versailles. Il répond à une nécessité absolue. Certes, on peut en contester certaines dispositions, essentiellement celle relative à ce projet confus de réforme constitutionnelle, qui procède d'une évidente arrière-pensée politique et dont on voit mal l'utilité en matière sécuritaire.

On peut déplorer qu'il intervienne si tard, alors que, depuis dix mois, on nous parle de guerre. On peut s'indigner que les décisions prises par le gouvernement au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, et qui participaient déjà d'une volonté affirmée de fermeté, n'aient été que mollement appliquées si l'on en juge par leur inefficacité.

Bref, on peut, une fois de plus, dénoncer l'absence de fiabilité du pouvoir en place. Mais l'heure n'est pas à ce jeu, dans la situation dramatique que traverse le pays et au moment où ce même pouvoir affiche, à propos d'un enjeu capital, des intentions conformes à ce que l'on attendait, à ce que l'on espérait.

Il ne doit pas considérer qu'il a les mains libres

Il ne faudrait cependant pas que le président de la République, fort de l'adhésion qu'une large partie de l'opinion apporte actuellement à sa conduite de la présente crise, considère cette réponse comme un chèque en blanc.

La cérémonie du congrès est un trompe-l'œil, et la référence appuyée à la guerre ne peut en aucune façon servir de prétexte à des abus de pouvoir que pourrait être tenté de commettre un président dont le crédit est faible. L'évocation d'une réforme constitutionnelle éveille à cet égard le soupçon.

De même la phrase-clé de son intervention devant le congrès – "Le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité" –révèle-t-elle de sa part une impatience trop vive à saisir des opportunités inespérées. Les événements imprévus qu'il est par fonction appelé à gérer ne lui donnent pas quitus de son bilan. Pas davantage ne doit-il considérer qu'il a les mains libres, fût-il institutionnellement légitime, pour mener, s'agissant d'une affaire capitale, une politique personnelle, sous le couvert du mythe de l'union nationale.

Le "tournant sécuritaire" qu'il vient de prendre nous autorise à cette mise en garde, lorsque, instruits par le passé, nous savons l'expérience et le goût qu'il a des tournants successifs, incertains et inachevés.

Philippe Tesson

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Cercle des Libertés Egales
  • Cercle de réflexion, le Cercle des Libertés Egales s'attachera à mettre dans le débat public et à faire avancer des analyses, des idées, des projets, des propositions d'inspiration sociale libérale.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité