Trois regards sur Nicolas Sarkozy
Extraits d'une tribune de Jean d'Ormesson dans Le Figaro du 5 avril...
Manuel Valls vient de déclarer au Nouvel Observateur "Pour éviter la confusion entretenue par Nicolas Sarkozy, nous devons délimiter les enjeux. Un projet contre un bilan négatif. L'espoir contre les peurs.Le rassemblement contre les divisions"
... "Un projet contre un bilan négatif"... Tout l'effort de l'opposition tend à marteler sans répit que le bilan des cinq années écoulées est tragiquement négatif. Cette assertion a fini...par composer l'essentiel du projet de François Hollande. Indéfiniment répété ce mensonge a failli devenir une vérité acceptée. Ce sont les chiffres qui ont fait éclater l'imposture. Il semble bien que les yeux des Français se soient enfin ouverts et qu'ils se soient mis à douter de la justesse du slogan longtemps reçu comme vérité tombée du ciel...Il suffit de regarder ce qui s'est passé pendant ces 5 années en dehors de nos frontières pour constater que la France ne s'est pas trop mal tirée de la crise financière, éconmique et sociale qui s'est abattue sur le monde. Qu'il s'agisse du chômage, du pouvoir d'achat, de la dette, de la situation générale du pays, la comparaison avec les pays étrangers devient plus frappante encore quand elle porte sur des gouvernements socialistes!...
...Tout se passe depuis quelques jours comme si les Français se réveillaient soudain d'un long sommeil hypnotique, pour découvrir avec surprise que le bilan du sarkozysme est moins désastreux qu'on ne le serinait. Du coup,la question se pose de savoir si l'éternelle ritournelle du "fiasco" présidentiel n'est pas seulement destinée à cacher le vide abyssal et les contradictions du programme socialiste...
... "L'espoir contre les peurs"...On posera seulement deux questions. La première: avons-nous raison d'avoir peur? Pour nous et pour nos enfants? Des périls nous menacent-ils? La réponse est oui. La deuxième raison, on se contentera de la poser, sans même donner la réponse: qui rassure le plus, qui protègera le mieux? Qui sera le plus capable de redresser l'économie? Qui sera le mieux écouté en Europe et dans le monde? Qui a les épaules nécessaire? M. Hollande ou M. Sarkozy?...
..."Le rassemblement contre la division"...Tout le problème est de savoir de quel côté est le rassemblement, et de quel côté, la division...La difficulté pour Hollande...vient du caractère dramatiquement disparate de la coalition qui le soutient... Qu'y-a-t-il de commun à François Hollande...à Jean-Luc Mélenchon...à Eva Joly?... Rien, sinon l'hostilité à Nicolas Sarkozy. Le problème n'est pas tant Hollande que l'inextricable noeud de contradictions autour de lui. Peu de regroupements politiques auront été d'avance condamnés à l'éclatement avec autant d'évidence. A peine la présidentielle terminée, d'une façon ou d'une autre, la gauche divisée volera en éclats...
...On soutiendra, sans trop de peine que Sarkozy est d'abord un rassembleur. Il a réussi, dans le passé, à rassembler une droite longtemps divisée jusqu'à la frénésie...et on parierait volontiers qu'il rassemblera dans l'avenir bien au-delà de la droite. Il a déja commencé à le faire avec la fameuse ouverture, si neuve et si attaquée par une gauche médusée. Il ira plus loin en ce sens...Il est d'abord un pragmatique. S'il gagne, il rassemblera.
Jean d'Ormesson, Le Figaro