A nos amis centristes
C’est entendu, vous n’aimez pas Nicolas Sarkozy.
Vous n’aimez pas sa personnalité, que vous trouvez souvent trop brutale, trop tranchée, pas assez consensuelle.
Certains d’entre vous ont aussi été choqués par des déclarations, des discours, des débats qui semblaient s’adresser de manière un peu trop marquée à une partie extrémiste de l’électorat.
D’autres enfin, ont pu être déçus de résultats qu’ils jugent insuffisants et de politiques qui ne sont pas allées aussi loin qu’ils l’espéraient dans le sens de la réforme.
Malgré ce sentiment de rejet, que je perçois bien et que d’une certaine manière je peux comprendre- sans le partager- je voudrais vous convaincre que si François Bayrou n’était pas présent au second tour, c’est vers Nicolas Sarkozy que, tout compte fait, vous devez vous tourner.
D’abord parce que, quand on le regarde sans a priori, son bilan est bon, et même largement positif. Malgré les graves crises, financières et économiques, que nous avons connues, la France a obtenu de meilleurs (ou de moins mauvais) résultats, en terme de croissance, d’emploi, de pouvoir d’achat, que la plupart des autres grands pays occidentaux. Grâce à l’énergie et à la lucidité de Nicolas Sarkozy (et d’Angela Merkel), l’Europe a pu répondre de manière efficace et coordonnée à la crise de l’Euro qui aurait pu signifier sa disparition.
Le président Nicolas Sarkozy est parvenu, malgré la situation difficile et le refus, parfois violent, de coopération manifesté par l’opposition, à mener des politiques et faire aboutir des réformes essentielles qu’il était nécessaire et urgent de réaliser : réforme de la Constitution pour une démocratie élargie, réforme des retraites, de l’université, du service minimum, de l’Etat et des collectivités locales, des cartes judiciaires, hospitalières et militaires, action en faveur de la recherche et de l’investissement, en faveur de la sécurité (y compris routière…), de la limitation des dépenses publiques, de la rénovation des banlieues et des quartiers sensibles.
Ce bilan et l’expérience acquise viennent légitimer et crédibiliser le projet qu’il présente et qui, pour l’essentiel, va dans le même sens que celui défendu par François Bayrou.
Parce qu’il a une vision claire et lucide de l’avenir et de ses enjeux, à la différence du candidat socialiste accroché aux solutions du passé, Nicolas Sarkozy propose un projet qui s’articule autour de la nécessaire réduction des déficits et de la dette. Une réduction - envisagée de manière précise et chiffrée- qui ne doit pas empêcher une croissance, seule à même de permettre de réelles avancées sociales, basée sur la réduction des charges qui pèsent sur les entreprises, la relance de l’industrialisation et la production en France. Une réduction des déficits basée davantage sur la diminution des dépenses publiques, la réduction du train de vie de l’Etat plus que sur une augmentation des prélèvements, qui lorsqu’ils seront nécessaires, toucheront essentiellement les plus favorisés.
Les autres axes principaux de son projet c’est la jeunesse et l’emploi, pour lesquels il prévoit des soutiens ciblés aux entreprises, un effort continu en faveur de l’éducation (notamment pour éviter, dès les petites classes, les décrocheurs), et une transformation de la formation, de son caractère qualifiant et de sa traduction en emplois. C’est aussi une réglementation et une maitrise de l’immigration, conditions d’une bonne intégration et d’une cohésion sociale plus forte.
Européen convaincu- et l’ayant suffisamment montré- Nicolas Sarkozy sait qu’il ne peut y avoir une France forte et juste que dans une Europe forte et protectrice. Une Europe, toujours plus unie, dans laquelle l’Euro-groupe jouera un rôle de plus en plus fort en faveur de la coordination des politiques et la croissance, ainsi que la BCE dont cela doit devenir un objectif. Une Europe qui, tout en refusant le protectionnisme qui serait le pire des dangers, ne soit plus naïve, mais adopte vis-à-vis de l’extérieur, une attitude basée sur la réciprocité ainsi que sur des protections limitées, ciblées et légitimes.
Comment imaginer que des centristes, responsables et lucides, pourraient ignorer ce projet réaliste et ambitieux à la fois, pour soutenir celui du candidat socialiste, que François Bayrou lui-même qualifiait d’intenable ou de catastrophique, un programme démagogique qui, comme l’écrit Edouard Balladur, « n’abandonne le flou que pour une aventure rétrograde ».
Et ce programme du candidat socialiste, ce n’est même pas celui qui serait appliqué, mais un programme plus dur, plus extrême, que la majorité de gauche (si elle l’emporte aux législatives), composée en majeure partie de communistes, de partisans de Mélenchon, de verts, et de socialistes radicaux tendance B. Hamon ou Montebourg, saura imposer, avec l’aide de syndicats qui, ayant soutenus officiellement Hollande et contribué à son éventuelle victoire, sauront exiger d’être payés en retour…Déjà on entend parler d’embauches supplémentaires et d’augmentations plus fortes de salaires…
Enfin, les centristes devront choisir entre deux types de gouvernement: un gouvernement « socialo-socialiste » comme l’annonce Hollande, ou un gouvernement d’ouverture et de large union, comme le propose Nicolas Sarkozy, allant encore plus loin en ce sens, que ce qu’il avait déjà fait en 2007.
Je suis persuadé, qu’après réflexion, les centristes qui, très légitimement, auront fait confiance à François Bayrou au premier tour, ne pourront que choisir lors du tour décisif, le candidat qui se bat avec énergie pour une France forte, seule capable de protéger les Français.
Une France forte et solidaire, forte comme le proclame Nicolas Sarkozy, et solidaire comme l’écrit François Bayrou sur ses affiches.
Marc d’Héré