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Cercle des Libertés Egales
22 juin 2012

Euro: Berlin incrédule face à la stratégie de Hollande

 

Patrick Saint-Paul, Le Figaro du 22 juin 2012...

 

Ni la chancelière et son entourage ni la presse outre-Rhin ne parviennent à s'expliquer l'attitude de la France.

Lasse d'incrédulité, l'Allemagne ne cache plus son irritation à l'égard de François Hollande. La stratégie du président français pour sortir la zone euro et la France de la crise dépasse l'entendement pour la classe dirigeante outre-Rhin. Alors qu'elle n'est plus immunisée contre la tempête, l'Allemagne multiplie les appels à la raison. Berlin se désole de ne pouvoir compter sur son partenaire historique dans la construction européenne au moment crucial où la zone euro doit se réorganiser pour affronter l'avenir.

En fustigeant la «médiocrité», qui ne doit pas devenir l'étalon» en Europe, la semaine dernière, Angela Merkel visait bien la France, qui a délaissé son alliance avec l'Allemagne pour se rapprocher des pays du sud de l'Europe. Comme son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, la chancelière s'agace de voir le président français étaler ses désaccords avec Berlin et insister sur des mécanismes visant à mutualiser la dette aux frais de la première économie européenne. Elle s'inquiète de voir que la France persiste à esquiver les réformes structurelles qu'elle juge indispensables pour restaurer la compétitivité et la confiance des marchés.

Écrasée par le poids de son histoire, l'Allemagne s'est toujours refusée à assumer pleinement sa puissance économique. Sans rechigner, elle a mis son carnet de chèques au service de la construction européenne, laissant à Paris le premier rôle politique. Ces dernières années, alors qu'elle creusait l'écart avec la France, l'Allemagne avait pris soin de conserver un partenariat équilibré avec son allié historique. «Sarkozy avait su saisir la chance de cette alliance Merkozy», pour arracher des concessions à Merkel, souligne le Financial Times Deutschland dans un article intitulé: «Monsieur le président, rompez vos promesses!»

Le retour partiel à la retraite à 60 ans a provoqué un électrochoc à Berlin. Schäuble ne digère pas ce qu'il considère comme un coup de canif dans le contrat franco-allemand. «Nous avons été abasourdis, confie un haut fonctionnaire allemand. Nous ne comprenons pas l'acharnement avec lequel Hollande cherche à rallier la France au club des PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne). Le contrat était pourtant équitable. La solidarité allemande consistait à payer pour maintenir le navire euro à flot. En échange de quoi, nos partenaires devaient faire les réformes nécessaires».

Seuls les ex-communistes applaudissent!

Au départ, ce haut responsable allemand croyait à du bluff électoral. Mais l'insistance avec laquelle Hollande s'est accroché aux eurobonds ne laisse de l'étonner. «Lorsque nous disons que l'Allemagne n'a pas les moyens d'assumer les dettes de toute l'Europe, Hollande pense-t-il vraiment que l'état des finances de la France le lui permet?, s'interroge ce ténor de la coalition. Nous ne comprenons pas l'empressement de la France à vouloir payer des taux d'intérêts plus élevés alors qu'elle doit déjà lutter pour réduire ses déficits.»

Dans un article intitulé «François, le cauchemar des entreprises», le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung s'alarme des projets du président français visant à «étouffer» l'industrie française avec des «impôts plus élevés», pour tenir les engagements de réduction des déficits. Et la Süddeutsche de s'interroger: «Cette redistribution rendra-t-elle les entreprises plus compétitives? La France espère-t-elle ainsi créer des emplois? Il n'y a pas le début d'une réforme structurelle, bien que la croissance et l'emploi soient les priorités du gouvernement.»

Après avoir offert à Hollande un soutien cosmétique, ses alliés sociaux-démocrates allemands se sont empressés de rallier Merkel et son pacte budgétaire, au prix de maigres concessions sur la croissance. Les plus optimistes continuent d'espérer qu'il saura se muer en un social-démocrate à la française… En attendant mieux, les premières mesures d'Hollande ont au moins trouvé grâce aux yeux de Sahra Wagenknecht, l'égérie des ex-communistes de Die Linke, qui loue son parcours «sans faute».


 

 

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Commentaires
R
Les allemands ( y compris les Sociaux Démocrates) ne peuvent comprendre car il leur manque une donnée primordiale qu'ils ont du mal à intégrer : ce qui caractérise les socialistes Français est une parfaite absence de vision cohérente du monde, de la place de la France dans le monde, et de ce que veut la France dans le monde. <br /> <br /> Hollande se doit d'être à peu près conforme à son parti, sans lequel il n'a aucun pouvoir, donc conforme à cette incohérence de la vision.<br /> <br /> Ils présupposent que Hollande, ENArque, a une forme d'intelligence. C'est vrai.<br /> <br /> La question n'est pas tant de disposer de telles facultés, que de savoir s'en servir, d'avoir la volonté de s'en servir, voire la possibilité politique de s'en servir.<br /> <br /> C'est toute la question...<br /> <br /> Du reste, le fait que Die Linke, et Hollande soient à ce point convergents ( un sans faute...), devrait nous ouvrir les yeux.
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