Sarkozy a donné une substance à la campagne électorale
Par Philippe Tesson , LePoint.fr
Dans la longue interview qu'il a donnée lundi au Figaro et qui marque sa véritable entrée dans la campagne des élections départementales, Nicolas Sarkozy a clairement désigné l'adversaire principal de l'UMP et de la droite : c'est le PS, et à travers celui-ci, le président de la République et l'action qu'il mène depuis trois ans. Les trois quarts au moins de ce long entretien sont consacrés au bilan de la politique économique et sociale de François Hollande et aux propositions alternatives que lui oppose le président de l'UMP.
Pas un mot sur les questions de politique générale, pas un mot sur les valeurs républicaines : l'ensemble des déclarations de Sarkozy porte sur les problèmes de l'entreprise, sur les dépenses publiques, la fiscalité, la croissance, les trente-cinq heures et évidemment le chômage, c'est-à-dire sur tout ce qui touche aux préoccupations immédiates et aux soucis des Français.
L'ancien président de la République a choisi judicieusement le terrain du réel où doit être menée cette campagne. Il a évité de s'étendre sur l'équation politique à trois données posée par le scrutin des 22 et 29 mars. Cette équation, que la gauche résout en ces termes : voter UMP, c'est voter FN, Sarkozy la retourne contre l'adversaire en disant en substance : voter FN, c'est voter PS. Pour convaincre les lecteurs et conjurer la menace, il se livre à un réquisitoire implacable contre la politique économique de Hollande.
La stratégie qu'il utilise a un double mérite. D'une part elle replace l'enjeu de ce scrutin dans sa véritable fonction qui est la sanction populaire, conforme à l'usage démocratique, pour ou contre la politique menée par le pouvoir en place. D'autre part elle neutralise la confusion entretenue par Marine Le Pen, qui en fait ses choux gras depuis des années, entre l'UMP et le PS, à travers l'infernal slogan UMPS.
En dénonçant tout au long d'un inventaire implacable les dégâts commis par la politique socialiste, Sarkozy découple les deux éléments d'une association que la présidente du FN ne cesse de dénoncer abusivement. Il rappelle qu'il y a une gauche et une droite et qu'elles se distinguent l'une de l'autre, et il se fait le porteur des valeurs de la seconde.
On objectera que le problème de l'ambigüité des rapports entre la droite et le FN reste posé. La résolution de ce problème dépend pour une large part de la force de conviction que les dirigeants de l'UMP ont le devoir de montrer dans les semaines qui viennent au service de leurs propositions. Sarkozy vient d'en esquisser le catalogue. Celui-ci donne enfin une substance à une campagne électorale qui menaçait de s'enliser hors du réel sous la férule du Front national qui se veut, selon les mots de Marine Le Pen, "le maître de l'élection".
L'occasion est donnée à l'électorat de droite de réagir, face à une gauche divisée et à une extrême droite arrogante, et d'affirmer sa force et son identité, pour peu que ses dirigeants unissent leurs efforts au cours de cette campagne. Il faut en finir avec l'obsession Le Pen qui pollue la vie politique.
La priorité du jour est de se rappeler et de rappeler au peuple la catastrophe Hollande afin qu'elle soit sanctionnée le 29 mars par un vote utile et clair.